Les cinq conséquences du Covid-19 plus de six mois après son apparition
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – Depuis l’apparition fulgurante du coronavirus il y a déjà plus de six mois, nos vies ont été bouleversées. Nous avons de la peine à retrouver notre rythme normal puisque plus rien ne se fait plus comme avant. L’humanité souffre le martyre devant ce terrible fléau et attend impatiemment qu’un miracle se produise pour la délivrer de ce cauchemar. Pendant ce temps, le directeur de l’OMS vient de tempérer notre ardeur en faisant ce samedi 3 août la déclaration suivante : «Cette pandémie est une crise sanitaire comme on n’en voit qu’une par siècle et ses effets seront ressentis pour les décennies à venir.» La conclusion que nous puissions tirer de cette déclaration est que la pandémie est partie pour s’inscrire sur une longue durée.
Comme ça, après avoir débarqué sans crier gare, le coronavirus continue de nous mener la vie dure sans nous laisser un moment de répit. Nous sommes à bout de force et nôtre patience est mise constamment à rude épreuve. Sans jamais faiblir et sans jamais montrer le moindre signe d’essoufflement, tel un rouleau compresseur ce virus broie tout sur son passage et l’humanité tout entière ne fait que constater les dégâts se montrant impuissante à lui faire face à l’heure actuelle. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé, puisque plusieurs stratégies ont été adoptées. On peut citer, entre autres, le confinement et ses règles très strictes et contraignantes et malgré toutes les mesures qui ont été mises en œuvre, la situation a, au contraire, empiré dans certains pays et elle est hors contrôle, surtout dans les pays aux ressources limitées, à l’image de l’Algérie qui a vu le retour en force de ce virus et la montée vertigineuse des contaminations, malgré une certaine accalmie observée durant un mois.
Six mois donc depuis son apparition, c’est l’occasion parfaite pour dresser en quelques mots le bilan de cette crise et de tirer quelques enseignements.
1- Sur le plan humain : malgré le confinement choisi consensuellement à travers toutes la planète (mis à part la Suède), le bilan est catastrophique, calamiteux et parle de lui-même. Selon l’OMS, le coronavirus a déjà infecté 17 600 000 de personnes dans le monde et fait plus de 680 000 morts. Ce qui n’est pas rien. De ce point de vue, le coût humain du confinement est déjà important et si on avait opté pour l’immunité collective ça aurait été un désastre.
2- Sur le plan économique : le confinement a, certes, ralenti la propagation du coronavirus et permis d’éviter des millions de morts de par le monde mais il a ralenti d’une façon drastique l’économie mondiale, une vraie hécatombe qui a fait souffrir tous les pays, surtout les pays pauvres et à budgets limités, à l’image de notre pays, l’Algérie, qui était déjà aux prises avec la crise économique et sociale, en plus d’être mal préparée, fonctionnant avec une bureaucratie lourde et disposant d’un système de santé obsolète largement décrié et ce malgré la bonne volonté, le dévouement et le courage du personnel de la santé, toutes professions confondues, qui est à bout de souffle, qui crie son désarroi à ceux qui veulent l’entendre.
La situation est grave, empire de jour en jour et elle risque de devenir incontrôlable si on n’arrive pas à trouver la bonne solution adéquate pour limiter les dégâts, ne cesse de clamer la communauté médicale algérienne qui ne lésine pas sur les moyens pour attirer l‘attention des autorités politiques et de la population sur le danger imminent qui risque de tout emporter si on ne l’écoute pas et on ne suit ses directives.
3- Sur le plan social : dans ce contexte particulier, éprouvant, difficile, contraignant, les gouvernements de tous les pays ont pris des mesures très strictes pour stopper la propagation du virus et ont appelé la population à faire preuve de discipline, de civisme, d’être solidaire afin de respecter les mesures prises pour le bien de nous tous, telles que la distanciation sociale, le port des masques, d’éviter les regroupements familiaux, de limiter les voyages. C’est des mesures draconiennes et exigeantes, certes, qui ont été prises mais il n’y avait pas d’autre choix.
De plus, les citoyens avaient du mal à se conformer aux directives émises par le gouvernement, vu les difficultés auxquelles sont confrontés les citoyens des pays pauvres, à l’instar de l’Algérie pour pouvoir respecter ce confinement. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, le mauvais approvisionnement, les immeubles à haute densité de population, les espaces publics bondés, une vie sociale perturbée, ignorance du danger, indiscipline, inconscience de certains.
Outre ces difficultés, le confinement est en train de provoquer un grand choc social, des millions de personnes sont en train de connaître des périodes difficiles, et basculent vers la pauvreté. Ce coronavirus a créé un chômage endémique et touché tous les secteurs de l’emploi, laissant certaines couches sociales sans ressources et livrées à elles-mêmes. Chez les pays nantis, la situation est moins grave, les autorités de ces pays n’ont pas hésité à apporter un soutien financier conséquent et continu à leurs employés et aux travailleurs autonomes. Ce qui n’est pas le cas en Algérie, mis à part les 10 000 DA octroyés il y a quatre mois, une somme dérisoire qui représente grosso-modo quelques 6 kilogrammes de viande en termes de pouvoir d’achat.
4- Sur le plan de la recherche : la communauté scientifique sur laquelle pointent tous nos espoirs travaille d’arrache-pied, nuit et jour, loin des feux de la rampe, et elle avance lentement mais sûrement. De multiples essais sont en cours dans le monde pour tester certains médicaments. On peut citer, entre autres, la chloroquine qui est déjà utilisée à grande échelle dans certains pays, la colchicine, le remdésivir, le plasma de convalescent, ceci sans compter de nombreuses autres études qui sont en cours pour tester d’autres médicaments mais, pour le moment, il est très difficile de se prononcer sur leur efficacité. Ils sont souvent contestés de part et d’autre en l’absence d’essais rigoureux.
N’empêche, en attendant que le miracle se produise pour trouver une thérapie efficace, la course vers la découverte d’un vaccin reste le point de mire de tous les chercheurs qui ne dorment pas sur leurs lauriers et font tout pour arriver à leur objectif, celui de nous sauver de cette pandémie. Un vent d’optimisme souffle de partout à travers tous les laboratoires de recherche et les efforts dans le développement d’un vaccin contre le Covid-19 se poursuivent inlassablement et de façon effrénée partout à travers le monde. Chapeau à tous ces savants et faisons-leur confiance. Ils le méritent.
5- Sur le plan politique : le prestige américain, pour ne citer que lui, a pris un rude coup et ce ne sont pas les compétences scientifiques et médicales qui manquent aux Etats-Unis. C’est un pays qui dispose de tous les moyens financiers et humains et qui a toujours exercé une attraction considérable sur les élites mondiales qui affluent de partout vers ce pays où ils trouvent toutes les conditions nécessaires pour réussir. Le problème se situe dans la gestion catastrophique de cette crise par le président Trump et sa politique de fuite en avant qui ne repose sur aucune logique et qui laisse à désirer.
A. C.
(Canada)
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