La catastrophe qui a secoué le port de Beyrouth peut-elle survenir en Algérie ?
Par Nabil D. – C’est la question que se posent de nombreux Algériens qui ont suivi avec effarement la double explosion qui a secoué le port de Beyrouth, au Liban, ce mercredi, faisant plus d’une centaine de morts, des milliers de blessés et transformant la capitale libanaise en un immense champ de ruines. Les scènes apocalyptiques, qui ont fait le tour du monde et poussé de nombreux pays, dont l’Algérie, à envoyer des aides au peuple libanais meurtri, inquiètent au plus haut point en Algérie où de nombreux ports sont littéralement «collés» à la ville.
C’est le cas du port d’Alger, notamment, caractérisé par la vétusté de ses installations et des durées de rade longues qui font subir à l’Algérie de grosses pertes. La construction de nouveaux ports hors de la capitale n’a pas suffi à réduire la pression sur le port d’Alger, géré depuis quelques années par les Emiratis. Or, le drame survenu au Liban ne laisse aucun doute possible quant à la nécessité de baisser considérablement l’activité dans les ports proches des grands centres urbains, avec les risques que cette situation fait peser sur des millions d’habitants.
A Beyrouth, c’est un entrepôt de nitrate d’ammonium qui a explosé. La dangereuse cargaison avait été saisie depuis plusieurs années et attendait que la justice tranche dans le litige qui opposait le propriétaire de la marchandise à la douane libanaise. Un litige judiciaire qui traînait en longueur et qui a fini par coûter la vie à des dizaines de Libanais, à en blesser des milliers d’autres et à causer des pertes matérielles incommensurables au pays, déjà frappé de plein fouet par une grave crise économique.
Une enquête doit être diligentée dans les plus brefs délais pour connaître la nature des marchandises entreposées ou bloquées dans nos différents ports, estiment des observateurs qui ne cachent pas leur inquiétude, d’autant que des incidents se sont déjà produits dans des zones industrielles à Skikda, à Arzew, à Alger et ailleurs, sans grande gravité pour le moment. La double explosion de Beyrouth soulève également, en effet, le problème des zones d’activité trop proches, elles aussi, des habitations, comme celles de Oued Smar et Dar El-Beïda, au sud-est d’Alger, par exemple, et certainement de nombreuses autres dans d’autres grandes villes du pays.
Il faut tout faire pour que les drames du port de Beyrouth – qui présente les mêmes caractéristiques géographiques que les docks d’Alger hérités de l’ère coloniale – et de l’AZF de Toulouse, en France, en 2001, entre autres, ne se répètent pas chez nous, alertent ces observateurs.
N. D.
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