Autorité et humilité
Par Nouredine Benferhat – «C’est le peuple qui a le plus de valeur ; viennent ensuite les autels des dieux ; le prince est ce qui a le moins d’importance.» (Mencius, IVe siècle avant J.-C.). Le leadership est associé à la notion du leader, mais seulement de celui qui est jugé «démocratique». Il devient impropre de parler de leadership autocratique ou d’identifier ce terme à l’hégémonie.
Trois dimensions identifient le leadership. Le charisme : le leader sait créer un environnement humain convivial propice à l’identification et à l’appartenance, et exprimer une vision articulée. La reconnaissance individuelle : le leader s’entoure de compétences auxquelles il peut déléguer en toute confiance et demeure attentif à ceux qui sont les plus démunis. La stimulation intellectuelle : le leader lance des idées nouvelles, invite à repenser les méthodes traditionnelles inadaptées, ouvre le regard sur des façons différentes d’aborder les problèmes et de réaliser les processus.
Les dirigeants les plus capables sont ceux qui peuvent impulser et conduire les changements. Ils se distinguent par une capacité à communiquer leur vision et la rendre signifiante, une capacité à faire preuve de fiabilité et de constance, et, enfin, être attentif à eux-mêmes, à leurs forces et à leurs faiblesses.
Cela se traduit par un effort constant d’écoute, de conseils et de stimulation des collaborateurs et subordonnés, la dimension éthique étant évidemment intégrée en permanence.
Le dirigeant sait se faire craindre sans humilier, rejettera les superlatifs censés l’honorer, comme il rejettera toute forme de courtisanerie préjudiciable à sa propre valeur et à la majesté transcendante de l’Etat et des symboles qui la composent. Il devient ainsi inutile, voire anachronique d’accoler à la haute fonction d’autres fonctions de moindre importance.
C’est dans une symbiose entre autorité et humilité, grandeur et bienveillance, que se dégagera l’aura du chef et s’installeront les traditions du sens et du service de l’Etat dans une société apaisée, débarrassée des scories de l’archaïsme et de l’intégrisme.
N. B.
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