Réponse évasive
Par Abdelkader S. – Face à la crise de société que vit le pays, dont une des réponses passe nécessairement par un assainissement des mœurs politiques et une vision citoyenne du parlementaire, il est attendu de personnalités qui ont exercé des responsabilités au niveau judiciaire et politique une objectivité impartiale dans leur analyse de la situation actuelle, dans le sens d’aider le pouvoir à avoir une meilleure appréciation de celle-ci, et non d’esquiver une question essentielle par une réponse évasive en recourant à une pirouette, celle de la déontologie et de la méconnaissance du dossier des condamnés.
Ce n’est pas rendre service à ce même pouvoir qui attend certainement de la part des personnalités auxquelles il semble faire confiance un éclairage autant que possible précis sur l’impact des mesures et des décisions prises, particulièrement dans leur domaine de compétence, en l’occurrence la justice.
Cela pourrait contribuer à l’émergence d’une nouvelle culture politique, du renouvellement du discours politique et de l’abandon de la langue de bois.
De nombreuses personnalités qui ont des préjugés favorables concernant le pouvoir actuel ont dénoncé le recours systématique à la détention provisoire et à l’atteinte à la liberté de la presse.
Des magistrats tout aussi liés à la déontologie, mais baignant dans la réalité sociale, ont dénoncé une justice aux ordres. Personne n’a oublié l’épisode inimaginable de la justice de la nuit – pratique à bannir – et seul un assainissement de la justice avec le concours courageux de ceux et celles qui l’ont exercée pourrait aider le pouvoir à la réalisation de ce vaste et compliqué chantier.
Sans parler des avocats des accusés qui ont dénoncé des jugements iniques.
Si les dérobades et la langue de bois deviennent la norme, la confiance encore balbutiante dans ce gouvernement serait ébranlée. Seul l’objectivité et le respect de la réalité et de la vérité peuvent nourrir une pensée politique féconde fondée en raison. L’impératif moral, tel que défini par Emmanuel Kant, en s’enracinant dans nos habitudes, favoriserait une mutation éthique et morale où le discours et le langage vrai seront la boussole de l’homme politique.
A. S.