De quoi la condamnation de Khaled Drareni est-elle le nom ?
Par les membres de la coordination FreeAlgeria(*) – Le monde entier s’est ému, à juste titre, de la condamnation à trois ans de prison ferme du journaliste Khaled Drareni, le 10 août dernier. Une fois encore, la justice algérienne s’illustre de bien triste manière et cette sentence inique confirme, s’il en était besoin, le chemin qu’il reste à parcourir vers un Etat de droit et la démocratie en Algérie.
Dans le cas de Khaled Drareni, ni les motifs, «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l’intégrité du territoire national» ni la peine (3 ans ferme de détention !) ne sont justifiés. Les militants Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, restés libres depuis le 2 juillet 2020, ont été condamnés, pour les mêmes chefs d’accusation, à deux ans de prison, dont quatre mois ferme. Alors de quoi cette sentence est-elle le nom ?
Parce qu’il a exercé librement son métier de journaliste en couvrant les manifestations du Hirak, Khaled Drareni croupit en prison depuis le 28 mars 2020. C’est une atteinte grave aux droits humains fondamentaux, en premier lieu desquels la liberté d’expression. C’est surtout une menace, à peine voilée, en direction des journalistes et de la presse algérienne en général. Ses confrères ne s’y sont pas trompés qui ont dénoncé un «traitement spécial» et injuste du rédacteur en chef de Casbah-Tribune. Plusieurs pétitions circulent à l’heure actuelle, dont celle d’Amnesty International et de Reporters sans frontières, pour dénoncer le traitement discriminatoire dont fait l’objet Khaled Drareni et exiger sa libération immédiate.
Dans «l’affaire Khaled Drareni», parce qu’il y a bien une «affaire» Khaled Drareni, ce qui saute aux yeux, c’est l’implication personnelle du chef de l’Etat, qui a condamné le journaliste avant même son jugement, en le traitant de «khbarji», d’espion à la solde d’officines étrangères. Cette accusation a pesé dans le réquisitoire et lors du procès que ses avocats qualifient de «procès politique».
Ce que révèle «l’affaire Khaled Drareni», c’est la volonté de reprise en main musclée par le pouvoir en place du Hirak, de ses militants et d’une presse qui ne se soumettrait pas au diktat du «système». Bien loin de l’«Algérie nouvelle» prônée à longueur de discours, c’est une Algérie rance qui tourne le dos à l’avenir et aux espoirs de toute une génération qui s’illustre à travers le procès du journaliste Khaled Drareni.
Nous, citoyens algériens et binationaux, militants et soutien du Hirak en France, en Europe et en Amérique du Nord, ne nous résignons pas à ce retour en arrière et dénonçons fermement les atteintes aux libertés fondamentales exercées de manière systématique et accrue contre les militants et les journalistes, depuis l’arrêt des manifestations du vendredi. Nous exprimons notre solidarité pleine et entière avec tous les détenus d’opinion.
L’espoir d’un peuple et l’élan du Hirak ne sauraient céder sous les coups de boutoir d’un pouvoir aux abois qui ne connaît que le langage de la force. Nous sommes tous Khaled Drareni !
F. A.
(*) FreeAlgeria rassemble des collectifs et associations d’Algériens et binationaux militants du Hirak en France, en Europe et en Amérique du Nord.
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