Espace et civilisation
Par Nouredine Benferhat – Les lieux ont une grande importance dans la construction des identités. D’après les géographes, le rapport aux lieux et à l’espace en général est fondateur de ce que nous sommes. L’urbanisation a profondément bouleversé le paysage humain avec une prééminence de l’identité rurale au détriment de l’identité citadine.
Une des caractéristiques de la ville est de donner au citadin la possibilité de faire table rase de son passé, de se couler dans le creuset de la sociabilité et de s’extraire d’une généalogie – solidarité socio-agnostique. Un flux rural incontrôlé peut rompre l’harmonie citadine et empêcher la ville de jouer son rôle émancipateur et modifier profondément le rythme et la qualité du progrès social. Une inversion du flux migratoire au profit des zones abandonnées et des espaces inoccupés est une urgence stratégique de développement et de pérennité civilisationnelle.
Elle passe par un arrêt de l’occupation humaine et industrielle de la bande littorale d’Est en Ouest, par la création de pôles de développement dans les Hauts-Plateaux et une pénétration vers le Sud par le biais des fronts pionniers – agriculture, recherche minière, etc.
L’individu, mis en situation de se prendre en charge, va découvrir les vertus du travail et libérer les ressources qui doivent lui assurer son autonomie. Les compétences vont s’exprimer et contribuer à nourrir l’«imaginaire migratoire» dans toutes les couches de la population et dans les espaces du pays.
Des stratégies d’occupation spatiale vont se développer, l’espace devenant un bien comme un autre : on peut l’accumuler ou l’échanger. Un modèle culturel pourrait ainsi apparaître se traduisant par la préférence donnée à la relation avec tous les lieux, plutôt qu’à l’appropriation d’un seul territoire.
N. B.
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