Limogeage du DG de la Seaal : pourquoi le groupe Suez a-t-il été épargné ?
Par Mounir Serraï – Le ministre des Ressources en eau, Arezki Berraki, a mis fin aux fonctions du directeur général de la Société des eaux et d’assainissement d’Alger (Seaal) et 26 autres directeurs d’unités de wilaya. C’est du moins ce qu’a annoncé son département ministériel dans un communiqué. S’il est tout à fait normal et dans les cordes du ministre du secteur de limoger des responsables au sein de l’ADE, évincer le DG de la Seaal reste un précédent grave, en ce sens que la Seaal, qui est, certes, une société de droit algérien, dépend en matière de gestion et de management de l’autorité du groupe Suez, lié à l’Etat algérien par un contrat de gestion des eaux et d’assainissement d’Alger jusqu’en 2021.
La Seaal et la RATP Algérie, pour ne citer que celles-ci, sont des sociétés de droit algérien régies par des contrats, avec des clauses en matière de gestion et de management, que l’Etat algérien doit respecter. Autrement dit, la nomination ou le limogeage du DG de la Seaal ou de la RATP n’est pas du ressort de l’Etat et ses démembrements mais plutôt de l’entité ou du groupe qui dispose du contrat de gestion. Dans le cas de la Seaal, c’est le groupe Suez qui détient le contrat de management. Pourquoi donc le ministère des Ressources en eau s’est-il précipité à annoncer cette décision de limogeage ?
Officiellement, cette décision est motivée par les résultats de l’enquête engagée sur les importantes coupures d’eau qui ont pénalisé plusieurs quartiers de la capitale les deux jours de l’Aïd Al-Adha. Le DG de la Seaal est ainsi accusé de «mauvaise gestion», et le ministère semble avoir donc bien désigné le «coupable» en la personne du DG de cette société en charge de la distribution de l’eau potable à Alger et Tipaza.
S’il y a eu négligence ou mauvaise gestion, la logique voudrait qu’on sanctionne le détenteur du contrat de gestion et non pas un cadre dirigeant de son entité de gestion. Si Seaal est coupable de mauvaise gestion, pourquoi maintient-on encore le contrat avec le groupe Suez ? Veut-on protéger le groupe Suez qui est payé pour gérer l’eau de la capitale et ses environs ?
Le contrat du groupe Suez, à travers la Seaal, vise à offrir aux millions d’Algérois un accès à l’eau potable H24, 7 jours sur 7 et à améliorer significativement le service d’assainissement de la ville. Le partenariat reposait également sur un transfert de savoir-faire de Suez aux équipes de Seaal.
Le nouvel accord, entré en vigueur le 1er septembre 2018, vise à poursuivre les avancées réalisées depuis 12 ans à Alger. Il fixe de nouveaux objectifs sur l’amélioration de l’efficacité des réseaux, la performance des usines et la satisfaction des clients, tant sur Alger que sur Tipasa. Un contrat qui n’a pas été honoré.
M. S.
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