Affaire Charlie Hebdo : Zekri dénonce un sondage «bidon» sur les musulmans
Par Kamel M. – Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a qualifié un sondage sur les musulmans en France de «bidon» car il ne reflète pas la réalité du terrain. Abdallah Zekri intervenait sur la chaîne CNews, qui a traité, ce mercredi matin, le sujet du procès lié à l’affaire Charlie Hebdo, dont quinze membres ont été assassinés par des terroristes islamistes en 2015, suite à la publication de caricatures du Prophète Mohamed (QSSSL).
Le sondage en question, dirigé par Frédéric Dabi, indique que «18% des musulmans et 26% des jeunes musulmans refusent de condamner les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo», que «40% des musulmans – 74% chez les jeunes de moins de 25 ans – déclarent faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République» et que «65% des Français estiment que les Français de confession musulmane respectent moins les valeurs de la République qu’il y a 20 ans».
Abdallah Zekri s’est inscrit en porte-à-faux avec ces chiffres et ces postulats, en estimant que de tels sondages «effraient les Français par des chiffres bidon», en s’interrogeant sur les méthodes suivies pour effectuer de telles enquêtes d’opinion pour aboutir à de tels constats. «Contrairement à l’IFOP, moi je vais dans les mosquées et je ne vois pas une présence aussi nombreuse de jeunes [fidèles] que par le passé», a corrigé le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), selon lequel il faut cesser de «confondre la charia avec la religion». «Il faut arrêter de devenir des spécialistes de l’islam et de donner des informations qui sont entièrement fausses», a-t-il asséné à l’endroit des invités de l’émission «L’heure des pros».
«Nous l’avons dit et répété : les valeurs de la République sont au-dessus des convictions religieuses», a souligné Abdallah Zekri qui a insisté sur le fait que de par son expérience et sa présence constante sur le terrain, le nombre de jeunes qui fréquentent les mosquées tel qu’affirmé par le sondage en question n’est pas conforme à la réalité. «Quand on parle avec les jeunes [de confession musulmane] aujourd’hui, ils se plaignent de la stigmatisation, du chômage et de la présence sur les plateaux de télévision de gens qui tapent en permanence sur l’islam sans que des représentants du culte musulman puissent répondre», a-t-il fait remarquer, en estimant que «c’est cela le véritable problème».
«Sous la République, on n’a pas à dire qu’Untel est juif, tel autre est catholique et tel autre encore est musulman ou athée», a conclu Abdallah Zekri, en expliquant que c’est pour cette raison que la loi interdit les recensements officiels liés à cette question sensible, en exprimant son souhait de voir le procès de l’attentat de Charlie Hebdo, qui s’ouvre ce mercredi à Paris, «puisse apporter des réponses aux attentes des familles des victimes avec lesquelles je suis solidaire», tout en qualifiant la republication des caricatures du Prophète de «non-événement» et de «réchauffé», et en appelant les musulmans à «ne pas répondre à cette énième provocation» et à «passer au stade de l’ignorance» de ce genre d’actes «innommables» à travers lesquels les responsables de Charlie Hebdo «s’adonnent à une opération de marketing aux fins de ramasser de l’argent sur le dos des victimes». «Je les laisse, quant à moi, face à leur conscience», a-t-il dit.
Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a été sollicité par plusieurs chaînes d’information, dont LCI, France Info et Russia Today, pour donner son avis sur la question.
K. M.
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