Des voix s’élèvent contre la «grossière» tentative de retour du FLN en politique
Par Mounir Serraï – Le nouveau vieux secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abou El-Fadl Baadji, revient sur la scène médiatique pour déclarer, avec vantardise, que son «parti» démontrera sa «puissance» lors des prochaines échéances électorales, à commencer par le référendum sur la Constitution.
Après plusieurs mois d’éclipse dictée par la conjoncture politique totalement défavorable au retour de ce parti grandement impliqué dans la crise qui secoue le pays depuis 2019, Abou El-Fadl Baadji tente ainsi de se placer sur la scène médiatique en prévision du prochain référendum. Pour défendre le vieux parti qu’il dirige aujourd’hui, le SG de l’ex-parti unique affirme que «le FLN a été victime de la issaba». Pour lui, «l’ancien régime l’a utilisé comme couverture politique». Autrement dit, pour ce pur produit de l’ancien parti unique, qui a soutenu tous les mandats présidentiels de Bouteflika et bien plus, le FLN n’a jamais fait partie de la «issaba», ni gouverné le pays.
«Nos militants et nos cadres ne portent aucune responsabilité pour ce qui s’est passé dans le pays. Ils n’ont mis en œuvre que les instructions qu’ils ont reçues. Ils ont soutenu Bouteflika, mais ne sont pas responsables de sa politique. Ils étaient au gouvernement, mais ce n’est pas de leur faute. Ils étaient députés au Parlement et à l’Assemblée nationale, et ils dirigent toujours la majorité des municipalités et des Assemblées de wilayas mais ne sont pas responsables de tout ce qui s’est passé, et ce qui se passe», affirme le nouveau chef du FLN qui cherche ainsi à absoudre son parti de tous les malheurs dont il est responsable.
Ses déclarations ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Des réactions de dénonciation et des appels à la dissolution de ce parti «responsable de tous les malheurs du pays depuis 58 ans». Comme argument, certains commentateurs mettent en avant les dernières révélations du procès de Tliba sur le marchandage des listes électorales du FLN à coup de milliards. Ils estiment ainsi qu’un parti aussi gangrené par la corruption doit quitter le paysage politique national. D’autres trouvent son discours et son argumentaire «grossiers».
«Le parti qui a bénéficié de centaines de sièges de députés de manière frauduleuse, de milliers de faux élus, de dizaines de milliards de subventions, de milliers de sièges et de bâtiments à travers le pays, le parti qui, avec son semblable, le RND (qui manœuvre de la même manière pour revenir sous une nouvelle couverture), a inventé la fraude, institué l’argent sale, l’opportunisme, le mensonge, la corruption, l’immoralité politique, le vol et l’escroquerie comme valeur suprême, veut aujourd’hui se faire passer pour une victime et menace par là même tous ceux qui réclament son renvoi au musée», relève Lakhdar Amokrane, membre du bureau politique de Jil Jadid, un parti qui demande le retrait du sigle FLN de la scène politique.
Amokrane estime ainsi que le SG du FLN tient un discours provocateur envers la majorité du peuple algérien qui est parti pour un changement radical. «Nous pensions que nous étions enfin débarrassés de ce type d’appareil politique dont les pratiques menaçaient l’unité nationale et déchiraient le tissu national. Le peuple ne supporte plus d’entendre de tels discours, qui sont accueillis avec beaucoup de mépris», poursuit ce cadre politique qui considère ce genre d’intrusions comme «intolérable» et «très préjudiciable» au projet de construction d’une nouvelle Algérie…
Pour lui, «la décence et la morale dictent au Front de libération nationale, ou ce qu’il en reste, de se retirer tranquillement de la scène politique, ce qu’il aurait dû faire il y a si longtemps». Car, souligne-t-il, «ce qui se passe en Algérie n’est pas à attribuer à Dieu mais plutôt à l’incompétence et à l’insouciance des hommes qui dirigeaient ce pays sous la bannière du Front de libération nationale».
«Vous n’êtes qu’un cancer métastatique d’un si grand pays», poursuit Lakhdar Amokrane. Et comme lui, beaucoup d’internautes décrient les tentatives de retour de l’ex-parti unique au-devant de la scène politique.
M. S.
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