Un Parlement illégitime ne peut donner qu’une Constitution illégitime
Par Aziz Ghedia – Je le dis tout de suite. Sans tergiversations. Direct, comme dirait mon ex-voisin de palier. Ou si vous préférez, je ne tourne pas trop longtemps autour du pot qui, par un de ces hasards qui n’existent pas, se trouve en ce moment vide. Vide comme le sont les caisses du Trésor public, siphonnées par qui vous savez. Alors, sans plus tarder, sachez que, c’est décidé, c’est sans possibilité de retour en arrière, je ne donnerai pas ma voix lors du prochain référendum populaire à la nouvelle Constitution.
Pour une question de principe.
Sachant que le pouvoir actuel a choisi d’abord la levée des bras des parlementaires avant l’introduction du bulletin de vote dans l’urne populaire, je trouve cela suspect. Suspect dans le sens où un Parlement illégitime, un Parlement tant décrié par la vox populi, ne donnera, forcément, qu’un texte de loi illégitime, dusse-t-il être nommé pompeusement nouvelle Constitution.
Les conditions générées par le mouvement citoyen du 22 février auraient dû inciter ce pouvoir actuel à faire une entorse à la règle et envoyer aux oubliettes les parlementaires corrompus ou non.
La nouvelle Algérie n’a pas besoin d’une forêt de bras levés hypocritement et, surtout, d’une manière toujours intéressée.
Mon raisonnement est très simple… mais pas simplet. Si je votais cette nouvelle Constitution quel que soit, par ailleurs, son contenu, revu et corrigé, cela ferait de moi, aucun doute là-dessus, un complice des députés que nous dénonçons actuellement. Que surtout un des leurs a dénoncé avec, peut-être, le fol espoir d’échapper aux griffes de la justice ou du moins de l’attendrir pour susciter son indulgence. Celui-ci est aujourd’hui lâché par les siens, ceux qui siègent encore au Parlement et qui veulent se refaire une virginité.
Les résidus de ce parti (FLN) accusent même les médias de vouloir porter atteinte à leur intégrité morale dans un communiqué qu’ils viennent de pondre. Ils veulent soi-disant éclairer l’opinion publique. Sauf que l’opinion publique n’est pas dupe : elle sait tout, elle sait faire la différence entre le bon grain et l’ivraie.
Et que diront les dépités ? Non pas ceux qui trempent leur doigt dans l’encre bleue à chaque fois qu’ils sont appelés aux urnes mais ceux qui, de Hirak las, ont fini par jeter l’éponge mais gardent tout de même un soupçon d’espoir de revoir le mouvement citoyen, tel le phénix, renaître de ses cendres.
Je n’en doute pas : les dépités feront peut-être la même chose que votre interlocuteur. Le jour J, ils feront la grasse matinée puis vaqueront le plus normalement du monde à leurs occupations quotidiennes loin des bureaux de vote et des urnes. Donner sa voix lors d’élections est un devoir civique de tout citoyen adulte et responsable. Ne pas le faire, boycotter, est un droit.
Mais que cela soit clair : je n’incite personne à faire ce que je dis. Que chacun fasse ce qui bon lui semble, en son âme et conscience.
A. G.
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