Le rôle d’un «imam» d’origine algérienne dans la normalisation arabe avec Israël
Par Nabil D. – Il s’appelle Hassen Chelghoumi. Il «professe» à Paris. Il est le fils d’un «vétérinaire originaire d’Algérie et d’une femme au foyer originaire de Bizerte», lit-on dans l’encyclopédie en-ligne Wikipédia. Le rabbin Moché Lewin vient de révéler, dans un message posté sur les réseaux sociaux, félicitant la normalisation de Bahreïn avec l’entité sioniste, avoir «eu l’honneur» de se rendre dans cette monarchie du Golfe «avec [mon ami] Hassen Chelghoumi, en décembre 2015, et d’allumer la deuxième bougie de Hanouka à Manama».
Hassen Chelghoumi est présenté comme franco-tunisien, son père s’étant vraisemblablement naturalisé. On apprend que cet ecclésiastique hétéroclite, qui se présente comme «partisan d’un dialogue inter-religieux, notamment entre islam et judaïsme», a visité l’Algérie au milieu des années 1990, c’est-à-dire au firmament de la crise sécuritaire dans le pays. Il s’est également rendu au Pakistan, en Turquie et en Syrie, à la même période. Qu’y faisait-il ? Ceux qui le connaissent rappellent son passé «extrémiste». Y a-t-il un lien entre ces pérégrinations et son penchant religieux intégriste passé ? Certains, en France, le pensent et s’en méfient.
Mais Hassen Chelghoumi semble avoir viré sa cuti et trouvé son intérêt dans sa nouvelle mission, celle d’œuvrer à faire gagner au régime de Tel-Aviv l’empathie d’une partie de la communauté musulmane. Pour se faire accepter par le lobby sioniste ultra-puissant en France, il commence par reconnaître la «singularité de la Shoah», ce qui lui permettra de nouer des liens avec les représentants locaux de l’internationale sioniste, incarnée par le Crif.
L’«imam» est, depuis, le porte-voix du pouvoir en France contre tout ce qui «porte atteinte aux valeurs de la République» ; comprendre toute action de la communauté musulmane contraire aux principes laïcs, mais uniquement de la communauté musulmane. C’est ainsi qu’en 2010 il soutient avec zèle la loi française sur l’interdiction de la burqa, allant jusqu’à mentir sur une prétendue agression dont il aurait été victime dans la mosquée qu’il dirige à Drancy, dans le nord de Paris, alors qu’il était absent lors des échauffourées qui y avaient eu lieu entre deux groupes de pratiquants aux obédiences diamétralement opposées.
Celui qui est qualifié de «caricature» et de «faux imam» a fait le déplacement au siège de Valeurs Actuelles pour lui apporter son soutien «ainsi qu’à la liberté de la presse». Hassen Chelghoumi se solidarisant ainsi avec ce journal d’extrême-droite décrié pour avoir caricaturé une députée d’origine africaine, Danièle Obono, dans la posture d’une esclave enchaînée.
Ses amours avec Israël remontent à juin 2012. Invité à un colloque intitulé «Religion et laïcité», il se rend à Tel-Aviv, accompagné du philosophe Alain Finkielkraut, de l’essayiste Caroline Fourest et de la journaliste Elisabeth Lévy. Il y retourne en novembre de la même année, accompagné, cette fois-ci, de douze imams pour se recueillir sur les tombes des victimes de Mohamed Merah, assassinées à Toulouse et enterrées en Israël. Le voyage était «intégralement financé» par l’ambassade d’Israël.
En juin 2019, il s’envole à nouveau pour l’Etat hébreu où il dénonce le boycott anti-Israël.
N. D.
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