Louisa Hanoune : «Bouteflika a perdu le pouvoir au début du quatrième mandat»
Par Mounir Serraï – Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), affirme que le président déchu Abdelaziz Bouteflika avait perdu le pouvoir dès le début de son quatrième mandat, en 2014. Louisa Hanoune a estimé, lors de son passage ce vendredi sur Radio M, que le Président déchu détenait le pouvoir jusqu’au début de 2013, considérant qu’après son AVC «tout a basculé» en faveur de l’état-major de l’ANP.
Durant le quatrième mandat, explique Louisa Hanoune, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika était out. Le pouvoir s’exerçait ainsi par l’état-major de l’armée. Selon elle, l’oligarchie, qu’elle n’a cessé de dénoncer, avait étendu ses tentacules au sein des institutions, influant sur les décisions non seulement économiques mais aussi politiques.
Une situation, rappelle-t-elle, qu’elle avait dénoncée à cette époque-là à travers le groupe des 19 et dont elle était l’initiatrice. Ce groupe, composé essentiellement d’anciens moudjahidine, avait demandé à rencontrer le président Bouteflika pour s’assurer de son état de santé et de ses capacités à gouverner. Mais, souligne-t-elle, le pouvoir avait actionné contre elle sa machine médiatico-politique.
Revenant sur son affaire au printemps 2020 qui lui a valu 9 mois de prison, Louisa Hanoune refuse de se contenter du jugement en appel, bien que les deux principaux chefs d’inculpation aient été retirés. «Je ne vais pas me taire tant que je ne suis pas acquittée», précise-t-elle, assurant que c’est une affaire créée de toutes pièces en ce sens qu’il n’y avait pas de complot, ni contre l’Etat ni encore moins contre l’autorité de l’armée.
«Je vous rappelle que j’ai été arrêtée alors que j’étais encore députée. Autrement dit, lorsque j’ai rencontré, le 26 mars 2019, le frère cadet du Président déchu et l’ancien chef du Département du renseignement et de la sécurité, j’étais toujours députée, jouissant de l’immunité parlementaire. Mais il n’y a pas que cela. Les accusations n’étaient pas fondées», insiste encore Louisa Hanoune qui espère obtenir réparation pour tous les dommages qu’elle a subis, notamment sur le plan politique.
Louisa Hanoune attend la suite à donner à son pourvoi en cassation introduit auprès de la Cour suprême. Elle soutient qu’elle a été victime d’un procès politique ordonné par l’ex-chef d’état-major de l’ANP, feu Gaïd-Salah.
Interrogée sur sa présence à cette rencontre avec le frère cadet du Président déchu et l’ancien chef du DRS, Louisa Hanoune affirme qu’elle n’a pas de leçons à recevoir en matière de militantisme politique, son discours et ses positions sur tous les sujets qui animent la scène nationale étant bien connus. Elle poursuit en précisant que dans des situations anormales, voire exceptionnelles, un chef de parti doit agir par tous les moyens en sa possession pour éviter le pire au pays.
Et c’est ce qu’elle avait tenté de faire en œuvrant à convaincre l’ex-Président de se retirer rapidement, et sans conditions.
M. S.
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