Les médias français et l’interdiction de M6 en Algérie : Macron «ménage» Alger
Par Karim B. – La presse française n’a fait aucun commentaire suite à l’interdiction par les autorités algériennes de la chaîne M6 en Algérie, après le reportage pâle copie de celui de France 5 sur le Hirak, qui avait provoqué un tollé général dans le pays. Le président Tebboune avait été jusqu’à ordonner le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour consultations. Cette fois-ci, la décision prise par le gouvernement algérien de fermer la porte devant la chaîne présidée par Nicolas de Tavernost n’a pas suscité une levée de boucliers outre-Méditerranée.
L’ensemble des médias, télévisions, radios et journaux se sont contentés de reprendre machinalement la dépêche de l’agence de presse officielle AFP, intitulée très précautionneusement «La chaîne M6 interdite en Algérie après la diffusion d’un documentaire» et reprenant à la virgule près le communiqué du ministère de la Communication. Il semble bien que le président Emmanuel Macron ait donné instruction de ne pas ouvrir un nouveau front avec l’Algérie, en n’en rajoutant pas une couche dans ce contexte marqué par des relations conflictuelles avec la Turquie et des difficultés majeures rencontrées par l’armée françaises au Mali et dans le Sahel en général, où elle s’échine vainement à entraîner l’armée algérienne dans ses opérations sur le terrain.
La dépêche de l’AFP est millimétrée. Les mots sont choisis avec un soin jaloux et une persévérante vigilance pour ne pas fâcher l’Algérie, alors qu’une embellie semblait se dessiner après la main tendue par la nouvelle équipe dirigeante à l’ancienne puissance coloniale, au moment où tout semblait conduire les deux pays vers un «divorce» définitif. Abdelmadjid Tebboune s’est même prêté au jeu des question-réponse avec la «très contestée» chaîne du Quai d’Orsay, France 24, en ne tarissant pas d’éloges à l’égard de son homologue français. Cependant que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, vient d’annoncer, dans un entretien accordé récemment au même média, que le président de la République effectuerait une visite d’Etat à Paris «dès la fin de la crise sanitaire».
C’est dire que le reportage de M6 est tombé comme un cheveu dans la soupe, gênant ainsi le rapprochement entre Alger et Paris que même la condamnation à une lourde peine de prison du correspondant local de TV5 et RSF, Khaled Drareni, n’a pas altéré. Il semble que les journalistes français soient «muselés» sur cette question, en dépit de la très hypothétique «liberté d’expression» dont ils se targuent et des quelques critiques et timides actions menées ici et là, histoire de montrer leur solidarité avec leur confrère algérien, tout en sachant que cela n’aboutirait, hélas, pas à sa libération et ne fait, en réalité, qu’aggraver son cas et diviser le Hirak dont ils semblent souhaiter le rallumage.
K. B.
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