«Normalisation» de l’Algérie avec Israël : à quoi joue le magazine Jeune Afrique ?
Par Nabil D. – Rebondissant sur la déclaration d’Abdelmadjid Tebboune qui a affirmé que l’Algérie ne ferait jamais partie des pays arabes qui normalisent avec Israël, l’hebdomadaire Jeune Afrique s’est fendu d’un article sur une supposée démarche de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika dans le sens d’un rapprochement avec l’entité sioniste. Le magazine écrit en exergue : «Alors que les débats de la normalisation des relations avec Israël agitent le monde arabe, Abdelaziz Bouteflika avait initié un début de rapprochement avec l’ennemi juré dès son arrivée au pouvoir.»
Jeune Afrique se réfère à la poignée de mains échangée au Maroc entre le prédécesseur d’Abdelmadjid Tebboune et l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak, à l’occasion de l’enterrement du roi Hassan II à Rabat. Cependant, Abdelaziz Bouteflika, ayant compris que l’image des deux hommes se saluant qui avait fait le tour du monde avait été soit mal interprétée, soit détournée de son contexte, avait expliqué qu’il s’agissait d’un geste de courtoisie entre deux responsables, certes, mais dans un cadre extrapolitique et qui n’engageait aucunement l’Algérie dans une quelconque voie de normalisation avec l’entité sioniste.
Cette image a été ressortie du fond du tiroir vingt ans plus tard pour faire accroire à la possibilité que l’Algérie puisse nouer des liens avec l’Etat hébreu, en tentant de démonter les propos fermes du Président algérien qui a clairement indiqué que l’Algérie ne dévierait jamais de sa politique proche-orientale fondée sur le soutien indéfectible à la cause palestinienne, au même titre, d’ailleurs, que le positionnement du pays aux côtés du peuple sahraoui dans sa lutte pour son indépendance.
La position inchangée réitérée par Abdelmadjid Tebboune a été accueillie avec soulagement en Palestine où le peuple palestinien se sent de plus en plus trahi par les dirigeants arabes, notamment les monarques du Golfe qui s’emploient à offrir un blanc-seing à la puissance occupante sous le couvert d’une démarche visant à instaurer la paix dans la région, mais qui, dans la réalité, vise à sacrifier la cause palestinienne sur l’autel d’intérêts économiques et de considérations géostratégiques qui situent l’Iran comme le nouvel ennemi des Arabes qui doit être combattu main dans la main avec Israël.
Jeune Afrique, qui relevait dans une de ses éditions qu’«après les Emirats, d’autres pays arabes sont tentés d’amorcer un rapprochement diplomatique avec Israël», faisait remarquer que ce que le magazine édité à Paris qualifie d’«évolution», «se heurte au tabou de la question palestinienne». La noble cause palestinienne étant ainsi reléguée à l’échelon péjoratif de «tabou».
N. D.
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