Quand Abassi révélait à un journaliste tunisien un pacte avec le roi Hassan II
Par Nabil D. – Le journaliste tunisien établi à Londres, Salah Lazrag, mettait en-ligne, il y a quelque temps, un passage d’un entretien qu’il avait réalisé avec l’ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS) à Doha, au Qatar, dans lequel Abassi Madani révélait avoir passé un arrangement avec Hassan II, le roi du Maroc à l’époque.
Dans l’enregistrement en question, on reconnaît clairement la voix de l’ancien numéro un du FIS qui, dans un premier temps, avait essayé d’esquiver la question du journaliste de la chaîne libanaise Al-Hiwar, avant que ce dernier l’accule jusqu’à lui tirer les vers du nez. Abassi Madani avait commencé par tourner autour du pot, cherchant à éluder le sujet en le noyant dans la langue de bois. Mais il a fini par «cracher le morceau». «Ce qu’Abassi Madani a dit sur le Sahara Occidental et sa rencontre avec le roi marocain Hassan II pourrait être intéressant, d’autant plus qu’il a déclaré qu’il préférait que le Sahara soit annexé au Maroc», explique Salah Lazrag dans son introduction. «Il (Abassi Madani, ndlr) aurait affirmé au roi Hassan II lorsqu’il l’a rencontré en marge du Sommet de l’Union du Maghreb arabe que (notre] position par rapport à la question du Sahara Occidental est très proche de celle du royaume du Maroc.»
Pour confirmer cette information, le journaliste tunisien a posé la question au concerné qui se trouvait dans un hôtel cossu au Qatar. La réponse d’Abassi Madani fut sans ambages : «Oui !» a-t-il rétorqué sans hésiter, en revenant des années en arrière pour évoquer l’ère de Mohamed V et rappeler les liens «complémentaires» qui liaient les deux pays. Voyant que son interlocuteur cherchait à fuir la réponse, Salah Lazrag le prie alors de revenir au vif du sujet. Et Abassi Madani de répondre : «Je te réponds en ce qui concerne la question du Sahara Occidental. Nous considérons, par principe, que nos deux peuples sont un seul peuple et que les deux patries sont une seule patrie. Comment pouvez-vous imaginer que nous puissions accepter un jeu – une manœuvre – qui s’appelle Sahara Occidental ?»
A la question : «Le Sahara doit-il donc revenir sous le giron du royaume du Maroc, selon vous ?» Abassi Madani renchérit : «Si le peuple marocain (bien marocain, ndlr) le veut, c’est son droit. Il est souverain et le dernier mot lui revient.»
On apprend ainsi que le FIS avait l’intention de brader la cause sahraouie pour gagner le soutien du Makhzen. On comprend mieux pourquoi le régime monarchique de Rabat finance et entretient un certain nombre d’activistes à l’étranger qui s’emploient à absoudre les groupes islamistes armés de leurs crimes, à répandre le «qui tue qui» qui impute les actes criminels du bras armé du FIS aux forces de sécurité algériennes. Une action qui se poursuit depuis le milieu des années 1990 à ce jour.
N. D.
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