Des militants de Béjaïa mettent à nu les manœuvres de Rachad en Kabylie
Par Houari A. – Les militants des wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira dénoncent le jeu auquel s’adonne le mouvement islamiste Rachad dans la région. Il est question, s’insurgent-ils, de se servir de la Kabylie pour poursuivre le Hirak en tentant même de le phagocyter. Ces militants – dont un représentant, Marzouk Touati, s’est exprimé sur les réseaux sociaux – accusent cette nébuleuse qui agite le carillon à partir de l’étranger de chercher à dominer le mouvement de contestation en dirigeant les manifestations à Béjaïa notamment.
Marzouk Touati a clairement fait allusion à Rachad en affirmant que les militants dans ces trois wilayas rejettent les slogans liés à ce mouvement proche du FIS, tel «ha’ya Allah al-ahrar», cher à Larbi Zitout. Une expression importée des pays du Golfe et devenue une sorte de formule culte. Plus grave, le militant de Béjaïa a invité les manifestants qui ont remplacé la capitale par la Kabylie pour s’y regrouper et manifester à ne plus se rendre dans cette wilaya et de manifester chacun dans son propre fief. «On ne laisse pas sa maison vide pour aller remplir celle du voisin», a affirmé le militant qui précise qu’il ne tient pas ces propos par «racisme» ou «régionalisme».
«Quand on est hôte, on n’entre pas dans la maison de celui qui nous invite les premiers, on attend d’abord que le propriétaire nous précède et nous convie à franchir le seuil de son foyer», a encore déclaré Marzouk Touati qui reproche ainsi au mouvement Rachad, sans le citer nommément, de vouloir s’ériger en principal animateur du Hirak dans la région, alors qu’il est rejeté par la majorité des citoyens.
Dans un autre contexte, le président d’une confrérie indépendante à Tizi Ouzou – «pas comme celle de Chakib Khelil», a-t-il ironisé – a mis en garde, lors d’une réunion avec un conseiller à la présidence de la République, contre de «graves dérapages» qui pourraient avoir lieu en 2021 dans cette wilaya. L’orateur a pris de nombreux exemples, dont celui de la crise qui secoue le club phare de la ville, la JS Kabylie, et dont il subodore un «coup fourré à partir d’Alger par des personnes qui cherchent à provoquer des heurts».
«Les manœuvres qui étaient en cours sous le règne de Bouteflika se poursuivent à ce jour», a laissé entendre l’imam qui a appelé les autorités du pays à appliquer la loi relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine contre l’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2019, Abdelkader Bengrina et consorts, qui portent atteinte à un fondement de la nation algérienne. «La question de l’identité a été tranchée et la remettre en cause est une atteinte aux constantes nationales», a déclaré l’intervenant.
H. A.
Comment (52)