Ce qu’Al-Jazeera sait sur la visite éclair du chef du Pentagone en Algérie
Par Abdelkader S. – Selon Al-Jazeera, le chef du Pentagone a, lors de sa visite qualifiée d’«exceptionnelle» à Alger, évoqué trois questions essentielles avec ses interlocuteurs algériens. «Loin des questions géopolitiques régionales, les Etats-Unis ont émis le vœu de vendre des armes à l’Algérie, dont l’armée est équipée à 90% par la Russie», écrit le média qatari, qui ajoute que Washington «s’intéresse de très près au nouvel article de la Constitution qui sera votée en novembre prochain, relatif à l’envoi des troupes algériennes hors des frontières pour des missions de rétablissement de la paix dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue arabe».
Al-Jazeera, qui se réfère à un haut responsable au Pentagone, ajoute que les discussions de Mark Esper avec l’état-major de l’ANP et les dirigeants politiques algériens interviennent au moment où «les Etats-Unis cherchent à renforcer leurs relations sécuritaires avec l’Algérie, lesquelles relations remontent aux attentats du 11 septembre 2001».
Par ailleurs, il y a lieu de noter que le déplacement du secrétaire d’Etat américain à la Défense en Algérie s’inscrit dans le cadre d’une tournée maghrébine qui coïncide avec l’accélération des événements dans plusieurs régions du globe et, s’agissant du Maghreb et du Sahel, l’enlisement du conflit libyen qui peine à trouver une issue et l’exacerbation de la menace terroriste en Afrique subsaharienne.
Dans le même temps, le processus de normalisation d’un certain nombre de pays arabes – les Emirats arabes unis, Bahreïn et bientôt le sultanat d’Oman – avec Israël suit son cours tel que tracé par son architecte, Jared Kushner, alors que l’Algérie a clairement signifié aux puissances mondiales – Etats-Unis et Union européenne – qui instiguent ce chambardement géostratégique dans la région du Moyen-Orient que l’éventualité d’un rapprochement avec l’entité sioniste est fermement exclue.
Dans le Bassin méditerranéen, où la marine algérienne se positionne comme une puissance maritime régionale, les prémisses d’une guerre entre la Turquie et la Grèce, deux pays membres de l’Otan, font craindre un embrasement général, d’autant que le régime islamiste d’Ankara, conduit par Tayyip Recep Erdogan, affiche ouvertement ses ambitions belliqueuses en apportant un soutien militaire direct à l’Azerbaïdjan dans sa guerre du Haut-Karabakh avec l’Arménie.
Le monde est sur une poudrière au moment où, aux Etats-Unis, tout indique que la prochaine élection présidentielle qui mettra aux prises le candidat à sa propre succession, Donald Trump, au démocrate Joe Biden, risque de faire basculer la première puissance mondiale dans une crise politique interne inextricable dont l’onde de choc ne manquera pas d’achever de déstabiliser un monde déjà fortement fragilisé par la pandémie du Covid-19 qui est loin d’être endiguée.
A. S.
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