Défaillance de la langue arabe ou indigence de la didactique islamisée ?
Par Mesloub Khider – «Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?» (Voltaire). Le système éducatif algérien alimente beaucoup de débats et surtout se débat dans une crise qu’aucun programme politique ne peut restaurer. Et pour cause : l’école algérienne souffre d’anémie cérébrale, d’une forme d’anorexie pédagogique caractérisée par une insuffisance de l’irrigation intellectuelle des étudiants, provoquée par l’inappétence scientifique induite par un affaiblissement des facultés d’apprentissage des élèves ; des élèves néanmoins abondamment nourris de programmes scolaires islamisés, une espèce de bouillie didactique indigeste et faisandée.
Une chose est sûre : le système éducatif algérien ne permet ni d’étancher la soif de connaissances ni de nourrir à sa faim un jeune Algérien au moyen d’un travail jamais décroché à l’issue des études. Car, en Algérie, le travail est une denrée rare. En revanche, les denrées importées sont abondantes, financées par une économie rentière fondée sur la manne pétrolière accaparée par l’institution étatique maffieuse, chargée de pourvoir parcimonieusement aux besoins élémentaires d’une population paupérisée, infantilisée, qui plus est fanatisée.
Manifestement, l’Algérie, faute d’avoir de grandes idées pour développer son économie, dispose de raffineries de pétrole pour éviter de penser à son développement. A cet égard, il ne faut pas oublier de souligner que l’économie algérienne repose sur du sable mouvant. Et son école est bâtie sur un désert pédagogique. Un système éducatif au sein duquel la programmation de la stérilisation du savoir le dispute à la castration des esprits. Une école convertie en caserne idéologique chargée de l’enrégimentement de la pensée, enrôlée au service d’un régime caporalisé, avec le soutien actif des mercenaires salafistes de l’enseignement, ces instituteurs islamistes missionnés pour endoctriner les élèves algériens.
Tout le monde s’accorde pour admettre la dégradation avancée du système éducatif algérien. Cependant, nombreux sont ceux qui incriminent explicitement l’enseignement en arabe, rendu responsable de l’échec scolaire. La langue arabe serait coupable, selon eux, d’avoir favorisé le sous-développement économique de l’Algérie. D’aucuns affirment qu’avec la langue française l’Algérie serait devenue un pays économiquement développé, hautement technologique. Voilà une allégation totalement fantaisiste.
Certes, une langue véhicule souvent les représentations sociales, les systèmes de valeurs et les modèles de pensée intrinsèquement liés au pays tutélaire de la langue propagée, à plus forte raison quand il est en position d’hégémonie économique et culturelle internationale ou de domination coloniale, à l’instar des Etats-Unis aujourd’hui et du français autrefois. Néanmoins, il n’en demeure pas moins vrai que la langue constitue aussi un simple moyen de communication.
De manière générale, la langue peut vivre une longue période de rayonnement, puis subir un processus de déclin. Un âge d’or, puis une phase de déliquescence. Du point de vue linguistique, toutes les langues se valent. Il n’y a pas de langues plus perfectionnées que d’autres. Il existe, en revanche, des économies plus performantes que d’autres. Et la langue dans laquelle s’exprime leur hégémonie économique peut s’imposer momentanément comme langue de communication à l’échelle mondiale. Au demeurant, au plan linguistique, comme l’a formulé Ferdinand de Saussure, la différence entre une langue et un dialecte, c’est que la première dispose d’une police et d’une armée. Autrement dit, d’un Etat fort qui l’impose au détriment d’autres langues, dédaigneusement désignées sous le nom de dialectes. Aussi tous les idiomes s’équivalent-ils, encore faudrait-il accorder à la langue ses lettres de noblesse et les moyens académiques afférents.
Sans aucun doute, dans le cas de l’Algérie, dépouillée de ses scories religieuses islamiques, la langue arabe aurait pu produire une éducation algérienne moderne digne des pays développés, en dépit de son retard économique. Mais l’Algérie, dès l’indépendance formelle, a préféré arrimer la langue arabe, sublime langue poétique et littéraire, agrémentée de bases rudimentaires de scientificité demeurées embryonnaires faute d’application de ses potentialités induite par le sous-développement encouragé par le pouvoir, vers les pays du Golfe et de l’Orient où la langue arabe se confond (ou plutôt se fond) avec (dans) la religion islamique. Indissolublement unie au Coran, la langue arabe ne peut que freiner la réflexion, inhiber l’esprit critique, dissoudre la rationalité, obérer la floraison de la modernité, obstruer tout développement économique. C’est la voie empruntée par le régime patrimonial algérien en érigeant l’islam en religion d’Etat, religion enseignée obligatoirement à l’école, propagée quotidiennement par tous les relais médiatiques du pouvoir.
Tous ceux qui incriminent et blâment la langue arabe, accusée d’être responsable de l’échec scolaire, de la faillite du système éducatif algérien, se trompent de cible. En effet, le principal problème de l’éducation en Algérie n’est pas l’enseignement de la langue arabe, mais l’emprise doctrinaire et dogmatique de la religion islamique à l’école.
Sans conteste, une éducation fondée sur la religion islamique adossée à la langue arabe, élevée au rang de langue sacrée imprégnée de religiosité, de par sa conception conservatrice et passéiste du contenu pédagogique, est incompatible avec une scolarité tournée vers la modernité, portée par l’esprit scientifique. De fait, la religion et la modernité sont des concepts antinomiques. On ne peut construire l’école en même temps sur la foi et sur la raison. Dans ce vieux débat et dilemme séculaire, l’Etat totalitaire et l’institution théologique ont toujours imposé la prééminence de la foi sur la raison, pour des motifs religieux, doctrinaires, tendanciellement politiques.
Avec de tels fondements antithétiques, où la foi le dispute à la raison en matière d’enseignement, où la religion supplante la science, où le dogme du fanatisme et du fatalisme s’implante fondamentalement dans l’esprit de l’élève, on produit des êtres bipolaires. Des hommes pathologiquement déchirés, des personnalités clivées, culturellement écorchées. De même, avec l’érection de l’islam en religion d’Etat par le pouvoir algérien, ne faut-il pas s’étonner que la religion fasse l’objet de débats publics véhéments, de controverses virulentes sur la place publique, de fourvoiements théologiques, de manipulations politiques. En particulier de la part de la frange islamiste de la population, qui a transformé l’école en annexe de la mosquée, s’est octroyée la gestion des affaires religieuses, qu’elle a convertie lucrativement en religieuses affaires.
Au vrai, en Algérie, dominée par un pouvoir autocratique et une organisation islamiste idéologiquement omnipotente, une sorte de partage des tâches s’est opérée entre ces deux entités vénales et mafieuses artificiellement opposées. La première instance oligarchique gère l’Etat au nom du prétendu intérêt national pour bien enrichir les membres de la caste mafieuse dirigeante ; la seconde entité islamique, quant à elle, assure la soumission des Algériens par l’endoctrinement et l’asservissement religieux, en contrepartie des largesses pécuniaires octroyées généreusement par l’Etat rentier. Ainsi, l’Algérie est gouvernée par une hydre à deux têtes, aux pouvoirs tentaculaires politiques et religieux écrasants, accablants, oppressants. Cette monstrueuse hydre détient les véritables rênes de l’Etat et de la société. Ce Méphistophélès du pouvoir suranné règne sur les âmes algériennes damnées, domine les consciences à l’ignorance condamnées, encense les têtes enturbannées, féconde des intelligences génétiquement fanées et des connaissances surannées.
En réalité, au plan de l’Education nationale, pour éviter les récurrentes stériles polémiques sur les questions éducatives initiées souvent par les islamistes, réfractaires à toute innovation moderne en matière pédagogique, la société algérienne doit instaurer une école pédagogiquement sécularisée, institutionnellement laïque, déontologiquement sanctuarisée. L’école sera ainsi immunisée contre les empiètements théologiques et les querelles religieuses fréquemment importées des mosquées dans l’enceinte des établissements scolaires. L’Education nationale et le contenu des programmes scolaires ne doivent faire l’objet d’aucune intrusion religieuse, d’aucune immixtion idéologique, ingérence politique. Pour ce faire, en premier lieu, le pouvoir doit abroger de la Constitution l’article érigeant l’islam en religion d’Etat. Effectivement, la religion doit être reléguée dans la sphère privée.
Seule la liberté de conscience doit être constitutionnellement garantie. Chaque Algérien pourra ainsi pratiquer librement sa religion. Et s’il souhaite dispenser à son enfant un enseignement religieux, il pourra l’inscrire dans une école confessionnelle privée. Par ailleurs, l’Ecole publique algérienne doit s’affranchir de la tutelle religieuse islamique qui la séquestre pour la maintenir sous la coupe d’un enseignement archaïque et rétrograde, imprégné de religiosité belliqueuse et d’un esprit inquisitorial, incompatible avec la mission éducative pacifique et tolérante de l’école moderne en vigueur dans tous les autres pays.
A cet égard, force est de relever que, pour coloniser habilement le système scolaire algérien, les partisans de l’enseignement religieux ont confectionné cette difforme matière scolaire idéologique, désignée sous le terme amphigourique et oxymorique de «Sciences islamiques». Encore deux termes radicalement antinomiques. L’islam n’est pas une science et ne pourra jamais le devenir. Car la religion relève de la croyance, de la foi. Contrairement à la science qui, elle, ressort de la raison. Si la religion islamique s’appuie sur un corpus considéré comme incréé, immuable, immortel, œuvre de Dieu, d’où le doute est banni, la remise en cause, proscrite ; la science, fondée sur l’observation et l’expérimentation, avec comme principe régulateur le doute méthodique et systématique, est l’œuvre de la seule Raison de l’homme, pour laquelle la remise en cause est prescrite. On ne peut donc associer ces deux champs d’investigation spirituelle et scientifique antithétiques, radicalement incompatibles.
Toute science serait superflue s’il y avait coïncidence immédiate entre la forme phénoménale et l’essence des choses. Telle est manifestement la conception de la religion (musulmane) en la matière, le postulat sur lequel repose sa doctrine intangible. De son point de vue théologique, nul besoin de procéder à l’étude, à l’observation et à l’expérimentation des phénomènes pour saisir leur essence. Cette essence est d’emblée posée, donnée, une fois pour toutes, par Dieu : cette main invisible à l’origine de la création de l’univers et de l’homme. Dès lors, à quoi bon s’échiner à instruire l’homme pour lui offrir les outils scientifiques afin de lui permettre de produire sa vie, d’aiguiser sa curiosité, d’aiguiller ses recherches, de développer son esprit critique, d’affermir ses connaissances, de conquérir sa liberté. Dans la logique (irrationnelle) des religieux, des milliards de livres ne remplaceront pas et ne vaudront jamais leur Unique Livre. Conséquence : il ne peut y avoir d’avancée du savoir, de progrès scientifique. La «Vérité» a déjà été énoncée une fois pour toutes. Et l’on ne peut que continuer à énoncer et annoncer son message, mais jamais la dénoncer, ou y renoncer.
De façon définitive, l’islam postule, une fois pour toutes, que le Coran l’emporte en toutes circonstances et dans tous les cas de figure, en tous lieux et en tout temps, qui ne souffre aucune exception, ni aucune transgression, sur ce que les hommes peuvent décider en matière de lois, d’éducation, d’instruction, de morale, de politique, d’économie. L’islam ne peut admettre la critique. L’esprit critique établit des distinctions, et distinguer est un signe de modernité. Dans la culture moderne, la communauté scientifique entend le désaccord comme un instrument de progrès des connaissances. Or, pour l’islam, le désaccord est synonyme de trahison, de division (fitna), symptomatique d’un désordre mental. Toute remise en cause est jugée comme un sacrilège, toute critique, comme un blasphème, une hérésie. Dès lors, aucun progrès n’est toléré, n’est possible.
Sans conteste, la place de la religion est à la mosquée. La place de la science à l’école. Chacune son humble demeure. Aussi, l’école publique doit, pour être efficiente et progressiste, se défaire du fardeau de la religion qui l’écrase de son enseignement dogmatique archaïque. Et la religion, pour être en conformité avec sa dimension spirituelle, refluer vers la sphère privée. En outre, si l’école publique, placée sous l’autorité de l’Etat, appartient à tous les citoyens et doit donner lieu, sans jeu de mots, matière à débat libre pour la rendre performante, la religion, elle, relevant de la seule sphère personnelle, ne doit, par conséquent, jamais s’inviter sur la place publique pour être l’objet de stériles controverses.
«Les langues commencent par être une musique et finissent par être de l’algèbre», a écrit André Marie Ampère. Encore faudrait-il que ses locuteurs se muent en virtuoses de savoirs et ses institutions tutélaires étatiques leur offrent toutes les technologies et infrastructures indispensables à leur perfectionnement et développement. Faute de quoi, elles demeureront toujours de simples sonorités langagières. Elles ne deviendront jamais des partitions mathématiques ou des compositions conceptuelles. On ne produit pas de la vraie musique avec la seule antique darbouka. Car celle-ci sert seulement d’appoint à un orchestre, véritable maître d’œuvre chargé de la conception et de l’exécution de la production musicale. Une belle œuvre musicale, pour être audible et agréable à l’oreille, se compose avec plusieurs instruments modernes, sur la base d’une réelle maîtrise des techniques du solfège. On ne bâtit pas un système éducatif avec comme programme prééminent la religion. La religion ne constitue qu’un appoint spirituel destiné au développement personnel, par ailleurs pratiquée dans la sphère privée. Elle n’a pas vocation à former l’esprit, donc à régenter l’école. La formation de l’esprit d’un élève est du ressort des multiples sciences dispensées dans toutes les écoles modernes du monde. La vocation de la religion est de façonner et d’épurer les cœurs.
En tout état de cause, la langue arabe n’est nullement responsable de l’échec du système éducatif algérien. C’est l’intrusion tentaculaire et totalitaire de la religion islamique dans l’Ecole algérienne qui a perverti la mission pédagogique de l’Education nationale. En vérité, dans les mêmes conditions d’envahissement de la religion islamique belliqueuse telle qu’elle s’est incrustée depuis les années 1970, même si l’enseignement avait continué à être dispensé majoritairement ou exclusivement en français, le résultat aurait été identique. On aurait connu et l’islamisme et l’échec scolaire, aggravés par le sous-développement économique permanent. Pour preuve : la Turquie, longtemps parangon de la modernité, utilise l’alphabet latin pour l’écriture de sa langue et non l’arabe. Or, depuis plusieurs décennies, elle est également infectée par l’islamisme, contaminée par la bigoterie, corrompue par la pensée archaïque, travaillée par la régression sociale et intellectuelle, après avoir vécu un âge d’or de la rationalité introduite par la révolution d’Atatürk. A contrario, la langue hébraïque nous administre la preuve de la primauté de l’économie sur les gesticulations politiques et artifices académiques linguistiques. L’hébreu a été des siècles durant la langue rituelle et liturgique de la religion juive. La langue hébraïque était devenue une langue exclusivement religieuse utilisée pour le culte, quasiment en voie de disparition. Or, depuis la création de l’Etat colonial d’Israël, grâce au développement prodigieux de son économie, l’hébreu a su se moderniser au point de se hisser en langue scientifique. C’est la formidable puissance de l’économie qui a permis d’accomplir cette révolution linguistique. Aucun décret, ni loi constitutionnelle ne peut transformer une langue «domestique» ou «morte» en langue dynamique et scientifique.
Sans conteste, la langue, en fonction de son contenu philosophique et politique et des forces économiques qui la portent, peut se révéler réactionnaire ou révolutionnaire. Il y a des Algériens intégralement arabisants, mais pourtant extrêmement cultivés et politiquement révolutionnaires. Comme il existe des Algériens francophones, mais pourtant dramatiquement incultes et politiquement réactionnaires. Une langue peut connaître des temps de gloire, puis subir des déboires.
La preuve par la France. La France, pays des Lumières, dotée d’une langue lumineuse, aujourd’hui sombre dans la médiocrité. Son système scolaire est en faillite. Sa population verse dans l’obscurantisme politique, l’intégrisme populiste. Ce n’est pas la langue qui génère les bêtes immondes, mais la décadence économique du moment qui les produit. La langue française, hier langue des révolutionnaires, est devenue l’idiome des réactionnaires. Hier langue du progrès, elle est devenue une langue de la régression.
Pour revenir à l’Algérie, certes, quantitativement, elle a accompli une véritable révolution en permettant à 100% de ses enfants d’être scolarisés mais, qualitativement, le résultat est malheureusement catastrophique. L’Algérie n’éduque pas, elle endoctrine, elle «salafise». De là provient l’échec scolaire de nombreux élèves qui décrochent précocement du système éducatif. Sans omettre la dramatique baisse du niveau scolaire.
Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que l’économie algérienne n’intègre pas dans le procès de production toujours aussi atone. Toute une jeunesse, souvent fortement diplômée, parvenue à l’âge d’entrer dans la vie active, demeure exclue du marché du travail lilliputien et vit en marge de la société sans perspective d’avenir. Prisonniers d’une société encore archaïque incapable d’accomplir la transition vers la modernité, étouffés par un enseignement médiocre assaisonné de religiosité islamique, les jeunes ne trouvent pas d’opportunités d’épanouissement de leurs facultés intellectuelles et finissent par démissionner de la vie et sombrer dans l’anomie.
En réalité, on ne peut réformer le système éducatif algérien sans révolutionner préalablement les structures sociales archaïques sur lesquelles repose l’enseignement. On ne bâtit pas une pédagogie moderne dans une société encore prisonnière de mœurs conservatrices, séquestrée par la religion. En particulier, quand la langue arabe est érigée en langue sacrée par la religion islamique, quand elle est consubstantiellement incorporée à l’islam, à qui elle sert de servante de sa pensée théologique, de vectrice exclusive de l’apprentissage coranique, quand l’islam est déclaré religion d’Etat, enseigné obligatoirement à l’école.
On ne peut moderniser la langue arabe dans une société dépourvue d’une économie productive, dans un pays à l’économie fondamentalement rentière.
C’est le développement économique qui soutient et promeut la langue, non l’inverse. Ce n’est pas l’esprit qui guide le monde. C’est le monde concret qui façonne l’esprit. Ce n’est pas la conscience qui détermine l’être, c’est l’être social qui détermine la conscience. Ce n’est pas la langue qui développe l’économie, c’est l’économie qui dynamise la langue. A économie sous-développée, langue sous-développée. A la vérité, la langue arabe est victime et de l’instrumentalisation opérée par les islamistes qui l’ont dégradée en un exclusif idiome religieux inquisitorial et belliqueux, et de l’incurie du pouvoir despotique algérien qui lui a amputé ses capacités d’expression scientifique évolutive, faute d’investissements productifs et de progrès économique.
Aujourd’hui, il faut redonner à l’arabe ses lettres de noblesse pour renouer avec la noblesse des lettres arabes. Il faut «scientifiser» la langue arabe par la purgation de ses archaïsmes religieux. La langue arabe dispose de potentialités remarquables en matière d’enseignement, mais malencontreusement obérées par la prégnance du contenu religieux islamique envahissant et invalidant.
Dans le cas de l’Algérie, doublement pénalisée, et par le sous-développement économique et par le poids écrasant de la religion islamique, toute modernisation de la langue arabe est illusoire sans réformes structurelles pédagogiques et transformation sociale et économique. Pour accomplir la modernisation de l’Ecole algérienne, l’Algérie doit réaliser une double révolution : d’une part, se soustraire au plan de l’Education nationale de l’emprise délétère de la religion pour expurger l’enseignement de ses scories islamiques ; d’autre part, transformer radicalement l’économie par l’impulsion d’un modèle de développement industriel novateur. Tout le reste n’est que littérature !
Dans notre pays, plongé dans l’arriération économique et le désarroi social, certes, les vieilles bougies de la religion peuvent réconforter, mais il faut surtout allumer les projecteurs modernes de la connaissance scientifique, vectrice du progrès économique pour s’extraire, enfin, du ténébreux tunnel obscurantiste pédagogique creusé par le sous-développement économique encouragé par le système FLNesque depuis l’indépendance.
«Il est douteux que les hommes, à l’époque où les doctrines religieuses exerçaient une domination sans restriction, aient été dans l’ensemble plus heureux qu’aujourd’hui ; plus moraux, ils ne l’étaient certainement pas.» Freud, L’Avenir d’une illusion.
M. K.
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