Zekri : «La loi sur les séparatismes ne doit pas servir à stigmatiser l’islam !»
Par Houari A. – Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a appelé à revoir le concept de «séparatismes» proposé par le président français, Emmanuel Macron, pour lutter contre le communautarisme et la radicalisation en France. «Je pense que le terme [séparatismes] est mal choisi. Qui veut se séparer de l’Etat ? Le séparatisme signifie demander l’indépendance, alors que ce n’est pas le cas», a affirmé Abdallah Zekri à l’antenne de la chaîne d’information en continu BFMTV, ce vendredi matin.
«Actuellement, il y a trop d’amalgames. Est-ce que le certificat de virginité entre dans le séparatisme ? Est-ce que le fait que dans les banlieues il y ait des quartiers difficiles cela entre dans le séparatisme ? Est-ce que le fait de mettre fin aux imams détachés fait partie du séparatisme ? Si c’est le cas, on ferait dès lors un abcès de fixation sur le séparatisme islamique et cela nous irriterait», a mis en garde le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui a fait partie de la délégation reçue ce jeudi par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. «Aussi il faut préciser le concept qui, s’il est mis en pratique, devra concerner tout le monde et ne pas pointer du doigt uniquement l’islam et les musulmans», a-t-il insisté.
«Nous allons étudier le texte qui nous sera remis d’ici le 15 octobre et s’il y a des alinéas dérangeants, nous le ferons savoir au gouvernement», a précisé Abdallah Zekri, qui a souligné, par ailleurs, s’agissant du très controversé certificat de virginité, que «ce phénomène ne touche pas que les musulmans» et que le ministre de l’Intérieur, attentif et très à l’écoute lors de sa rencontre avec les représentants de la Grande Mosquée de Paris, «[nous] a bien confirmé que cela concernait tout aussi bien les musulmans que les communautés rom, juive et catholique intégriste».
«Le problème le plus important, c’est la lutte contre l’islam politique et l’islam radical», a fait savoir Abdallah Zekri, qui affirme adhérer pleinement à la «neutralité de l’Etat et du service public», mais qui persiste à dire qu’«il ne faut pas généraliser».
Commentant les propos tenus par le Président français durant la conférence de presse qu’il a animée ce vendredi, Abdallah Zekri a estimé que «le point relatif à la police des cultes [m’a] choqué». «Il y a un seul pays qui pratique la police des cultes, c’est l’Iran», a-t-il précisé, en ajoutant que Macron a également parlé des financements, tout en signalant que ceux-ci ne concernent pas uniquement les pays du Maghreb ou la Turquie. «Les Russes financent les cathédrales orthodoxes en France, Rome finance les églises, Israël finance également les synagogues, je suis entièrement d’accord, cependant, qu’il faut une traçabilité», a-t-il fait remarquer.
«Toutefois, je suis contre le fait que des pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar financent des lieux de culte, dans la mesure où ils n’ont pas de mosquées et une communauté établie en France, d’autant plus que l’Arabie Saoudite pratique une doctrine wahhabite qu’il faut condamner car elle légalise la décapitation et la flagellation des femmes», a-t-il conclu.
H. A.
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