Deux poids lourds du MSP s’allient pour renverser l’inamovible Abderrazak Mokri

Abderrazak Mokri. New Press

Par Nabil D. – Le soutien déclaré de Bouguerra Soltani à El-Hachemi Djaâboub après sa désignation au poste de ministre du Travail ne peut avoir qu’une seule signification : ces deux poids lourds du parti de feu Mahfoud Nahnah s’apprêtent à engager une opération de redressement au sein de cette formation islamiste dans la perspective de l’après-référendum sur la Constitution. Prémisses de putsch donc au MSP qui s’oppose à la nouvelle mouture de la Loi fondamentale, rejetée par la mouvance intégriste au motif qu’elle maintient tamazight comme langue officielle aux côtés de l’arabe.

La réaction vive et immédiate d’Abderrazak Mokri avant même l’annonce officielle du rappel de l’ancien ministre sous Bouteflika au gouvernement est symptomatique d’une ébullition au sein du MSP dont une partie des membres de la direction doivent certainement s’inquiéter pour l’avenir du parti à la lumière des bouleversements politiques qui secouent le pays depuis février 2019. L’actuel patron du MSP doit sentir le vent tourner en sa défaveur et tente autant que faire se peut de se prémunir d’un putsch qui lui ferait subir le même sort que ses homologues du FLN, du RND et du reste des partis de l’ex-alliance présidentielle jetés en pâture et abandonnés par leurs «camarades» qui ont vite crié : «Le roi et mort, vive le roi !»

Bouguerra Soltani n’a pas digéré la manière avec laquelle il a été débarqué de la présidence du parti, sacrifié sur l’autel des repositionnements stratégiques du MSP qui a, peu à peu, choisi de s’éloigner du pouvoir sur la pointe des pieds jusqu’à s’afficher ouvertement contre la nouvelle Constitution, en appelant à voter non massivement le 1er novembre prochain. L’ancien ministre-conseiller de Bouteflika voudrait sauter sur l’occasion que lui offre cette nouvelle alliance presque déclarée entre une aile du MSP et la nouvelle direction politique du pays. Un rapprochement qui aurait pour objectif principal la participation aux prochaines élections législatives qui interviendront après le référendum sur la nouvelle Constitution.

Le MSP, qui compte d’ores et déjà un membre du parti au sein du gouvernement, quand bien même sa qualité de membre du parti a été gelée, Abderrazak Mokri ayant mis sa menace à exécution immédiatement après la diffusion du communiqué officiel confirmant l’information fuitée dans les médias quelques heures auparavant, a déjà fait le premier pas, bien malgré lui, dans le sens d’un retour dans le giron du pouvoir. Une situation de guerre intestine qui ne peut se terminer que par une implosion ou, moindre mal, l’éviction de son président actuel.

N. D.