Soufiane Djilali : «Aller vite vers une démocratisation complète pourrait créer des frictions»
Par Mounir Serraï – Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, encense le projet de révision de la Constitution qu’il qualifie de «correct» pour l’étape actuelle. S’exprimant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III, le président de Jil Jadid estime que ce projet est loin d’être parfait mais il répond aux besoins de la conjoncture actuelle. «Le pays est dans une phase délicate. On sort de vingt années de bouteflikisme et puis, surtout, d’une superbe révolution du sourire à partir du 22 février. Et là, il faut trouver ses marques», lance-t-il d’emblée, considérant qu’il y a bel et bien des nouveautés dans ce projet de révision constitutionnelle, notamment sur le plan des libertés.
Pour lui, ce qui fait que «certains milieux continuent à vouloir protester et refuser la démarche actuelle, c’est qu’ils considèrent que l’Etat doit être beaucoup plus ouvert avec une plus grande accessibilité».
Mais, aux yeux de Soufiane Djilali, ces gens-là «recherchent en réalité à avoir un Etat moins fort et qui a moins d’emprise sur la société». «Et là, poursuit-il, il est important de mon point de vue d’expliquer que notre société est dans une phase de bouleversements, de changement. Ce sont des bouleversements très profonds qui ne sont pas simplement politiques. Ils sont sociétaux.» Le président de Jil Jadid explique que «la société traditionnelle en pleine implosion a entraîné une perte de repères». «Dans ces conditions-là, aller très vite dans une démocratisation complètement ouverte peut entraîner très rapidement des frictions dans la société. Cela va allumer des conflits idéologiques et identitaires. Nous avons donc besoin d’un Etat central qui puisse mettre de l’ordre», affirme-t-il.
Soufiane Djilali souligne que même à Jil Jadid, ils étaient sur leur faim en ce qui concerne les amendements relatifs au fonctionnement des institutions. «On aurait voulu qu’on aille un peu plus loin mais je comprends le fait que l’Etat reste très concentré. Cette Constitution reste, en effet, présidentialiste puisque le chef de l’Etat garde énormément de pouvoirs. Mais en même temps, il y a l’article sur la limitation des mandats à deux successifs ou séparés, devenue irrévocable», soutient-il.
Pour le président de Jil Jadid, «un Président auquel on limite les mandats à deux seulement, autrement dit, à dix ans de règne au maximum, il ne pourrait certainement pas accomplir grand-chose avec des pouvoirs limités dans une société disloquée et un pouvoir truffé de contradictions». «Il faut donc qu’il y ait de l’ordre avec un Etat fort. C’est une Constitution d’étape», plaide-t-il, appelant ainsi à rester dans le «réel». Soufiane Djilali tente, par ailleurs, d’expliquer le rejet par la société de l’autorité de l’Etat qui pourrait être lié à son histoire marquée par des colonisations successives. «Cinq siècles auparavant, la société n’avait pas connu la souveraineté», précise-t-il. Le président de Jil Jadid conclut en souhaitant que «la nouvelle Constitution inaugurera la création d’un Etat fort, doté de légitimité».
M. S.
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