Diplomatie algérienne et campagne de désinformation enragée
Par Nouredine Mazouni – Depuis plus de vingt-cinq ans, je ne pense que du bien des feuilles de chou marocaines et de leurs relais médiatiques satellites, qui redoublent de férocité et mènent, depuis quelques semaines, une campagne de désinformation enragée visant à faire croire à l’opinion publique que la diplomatie algérienne serait en perte de vitesse, en s’appuyant dans cette optique sur un argumentaire fallacieux produit par son principal organe de propagande, en l’occurrence l’agence officielle MAP.
Les allégations infondées, recuites et réitérées par la presse marocaine, de manière presque obsessionnelle sur trois dossiers, ne sauraient rester sans réponse, en dépit de l’attitude des autorités algériennes de ne pas répondre aux provocations en appelant à faire en sorte que «chacun s’en tienne à ses référents culturels».
Pour l’Algérie, encore une fois, le dossier du Sahara Occidental est une affaire de décolonisation et son travail à l’ONU vise à permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime et imprescriptible à l’autodétermination et de choisir librement son destin conformément à la légalité internationale. Sans diversion, ces faits têtus sont le résultat de l’occupation illégale du territoire non autonome du Sahara Occidental et le statut des réfugiés sahraouis qui est la conséquence directe d’un déplacement forcé de populations fuyant l’extrême brutalité de l’occupation. Tout le reste n’est que gesticulation farfelue et risible.
Sur le Mali, les médias marocains, prisonniers d’une époque révolue, produisent à l’égard de l’Algérie un discours d’une autre ère et éprouvent beaucoup de difficultés à entrer dans une réalité stratégique et géopolitique nouvelle. Venons-en aux faits.
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui, comme ses prédécesseurs, ne s’adonne pas à la diplomatie-spectacle, s’est rendu en un mois deux fois au Mali, en s’inspirant bien sûr de la géographie, mais aussi de l’éthique, par obligation de venir en aide à un pays frère et ami qui se trouve en difficulté.
Sabri Boukadoum, qui a eu à s’entretenir au plus haut niveau avec les nouvelles autorités de transition, s’est félicité de leur engagement à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger, comme il a réitéré l’attachement de l’Algérie à l’accompagnement des Maliens dans l’étape en cours qu’il souhaite fortement «apaisée» et «inclusive».
Geste fort et, eu égard au poids de l’Algérie, les mouvements du Nord-Mali ont pris part aux organes de transition et participé aux concertations nationales maliennes pour l’élaboration de la charte dont le contenu fait référence expressément à l’accord de paix et de réconciliation d’Alger. De plus, l’accord d’Alger demeure le cadre pertinent pour des réformes institutionnelles urgentes et sa mise en œuvre sera aussi courte que possible, donc une priorité.
Où est donc le poids du Maroc dans cette équation ? La récente et très en retard visite du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, à Bamako, à caractère informationnelle, a été nulle et sans aucun impact au même titre que celles de ses homologues mauritanien et turc ou celle d’un ministre arabe prévue la semaine prochaine.
Sur le dossier libyen, les serfs des feuilles de chou et des autres agences de propagande ne chôment pas et ils redoublent d’ingéniosité pour synchroniser, à travers leurs livraisons suintant la haine de l’Algérie, le lobbying toxique et immoral mené par les cercles spécialisés qui ont tous un dénominateur commun, celui d’exhumer leur vieille rengaine, bien recuite, à vendre un argumentaire aléatoire sur ce dossier en marketant à outrance le dialogue de la station Bouznika, dont ils ont fait leur cheval de bataille.
Nos «amis», qui ont beaucoup de mal à s’inscrire dans l’avenir, souffrent d’une amnésie géopolitique totale et d’une myopie stratégique grave, en s’inscrivant dans l’invective et dans la logique de confrontation.
L’Algérie a bien amorcé son redéploiement diplomatique et les sollicitations de la part des nombreux pays pleuvent. En peu de temps, Berlin et la Conférence internationale sur la Libye à laquelle le Maroc n’a même pas été convié , l’Italie et son Premier ministre Giuseppe Conte, et les chefs de la diplomatie turque, égyptienne et italienne, le président Truc Tayyip Erdogan, le président tunisien, l’émir de l’Etat du Qatar, le président français, l’ancien Premier ministre, envoyé spécial du gouvernement canadien, Charles Joseph Clark, la ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Arancha Gonzalez Laya, l’Africom et le secrétaire à la Défense américain, Mark Esper, pour ne citer que ces exemples.
Ce dynamisme diplomatique de l’Algérie va sans doute se poursuivre et les dirigeants des grandes puissances consultent Alger avant de se lancer dans le bourbier libyen.
La diplomatie algérienne a toujours capté l’attention de la communauté internationale et est restée présente en force sur l’échiquier, dans la recherche d’une solution adéquate à la crise en Libye, en passant par la situation au Mali. Elle a ainsi intensifié son déploiement et réaffirmé son attachement à jouer pleinement son rôle sur les plans régional et international.
Dans un contexte particulier marqué par d’importants développements régionaux et internationaux, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, continue de développer une grande proximité avec les ministres des Affaires étrangères d’Egypte, Sameh Choukri, des Emirats arabes unis, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al Nahyane, de France, Jean-Yves Le Drian, et avec son homologue tunisien, Othman Jerandi.
Les actions sont inspirées des valeurs historiques et de la doctrine institutionnelle de l’Algérie qui s’oppose fermement à toute tentative d’ingérence dans ses affaires nationales. A travers une telle orientation pérenne, la diplomatie algérienne reste attachée à ses traditions et son rôle sur les plans régional et international reposant sur une présence constante dans le concert des nations, tout en s’engageant en faveur de la paix et de la sécurité.
Le message d’Alger à toutes les capitales et les parties en conflit vise à faire prévaloir la voie de la paix. L’approche algérienne dans le règlement des crises est une référence crédible reconnue et privilégiée sur la scène internationale.
N. M.
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