Le césarisme algérien ou l’Etat patrimonial orienté vers le clientélisme
Par L’hadi – Une exigence particulièrement importante est la construction de définitions qui permettent de savoir «de quoi l’on parle».
S’agissant de l’Etat, le travail de conceptualisation s’est opéré dans trois univers intellectuels principaux. Il s’agit de la doctrine juridique, de la sociologie webérienne et de l’anthropologie culturaliste. Chacun d’entre eux ayant ses enjeux scientifiques propres, ses terrains privilégiés de confrontation empirique, voire ses défis pratiques à relever, il s’ensuit une grande diversité d’approches et d’éclairages.
Il est très aisé de noter que sous l’égide du césarisme algérien, l’Algérie avait un Etat patrimonial.
Qu’est-ce que c’est le patrimonialisme ?
Le patrimonialisme est, à mes yeux, une forme politique issue du principe patriarcal où, derrière une éventuelle façade d’institutionnalisation, demeure la réalité d’un pouvoir personnel, orienté vers la satisfaction d’un clientélisme familial élargi, échappant largement aux contraintes du droit écrit et entretenant, dans ses pratiques administratives, une frontière ambiguë entre la sphère du privé et celle du public.
Le trait majeur qui se dégage est donc la faiblesse de l’institutionnalisation du pouvoir d’Etat. Au pouvoir personnel du Prince, il est peu de contrepouvoirs autonomes institués. La justice, par exemple, est rendue au nom du monarque…
L’Algérie a été le terrain d’élection de cet idéal-type qui a permis l’émergence d’une République de copains et de coquins. Le président de la République se doit de tirer les leçons des errements et des échecs de son prédécesseur qui, comme Louis XIV, considéra l’Algérie adamantine comme son latifundium.
Il ne suffit pas de remporter une élection présidentielle pour s’imposer comme le Président de tous les Algériens. Y parvenir exige à tout le moins une certaine évolution personnelle, la prise de conscience d’une métamorphose nécessaire et même indispensable, sous peine de ne jamais franchir le simple statut d’ancien ministre.
Le président de la République doit s’identifier à l’autorité souveraine que la Constitution lui octroie et dont il se doit d’être toujours prompt et attentif à affirmer la prééminence qui s’y attache.
L. H.
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