Abu Dhabi innove : «C’est la Palestine qui occupe Israël et non l’inverse !»
Par Nabil D. – Les motivations réelles du régime d’Abu Dhabi commencent à percer au grand jour. Il ne s’agit pas uniquement de normaliser avec Israël, mais de rayer la Palestine de la carte du Moyen-Orient. Cette réalité a été révélée par un journaliste émirati qui a affirmé, lors d’un débat télévisé, que «ce n’est pas Israël qui occupe la Palestine mais l’inverse». C’est la première fois, en effet, de toute l’histoire du conflit israélo-arabe qu’un Arabe tient de tels propos choquants.
Des propos qui ont, cependant, le mérite de révéler l’arrière-pensée des Al-Nahyane et de leurs alliés saoudiens, bahreïnis et, sans doute, omanais, le but final étant d’offrir à l’entité sioniste l’ensemble des territoires qu’elle occupe illégalement et d’enterrer la cause palestinienne en mettant le peuple palestinien sous l’autorité de Tel-Aviv qui déplacera sa capitale à El-Qods dans les prochaines années. Le plan pensé dans les années 1970 et exécuté par Donald Trump, quarante ans plus tard, est en voie d’être achevé avec l’adhésion des monarchies du Golfe.
Les Emirats arabes unis, cheval de Troie de Washington dans la région, comptent désormais sur l’adhésion du Koweït à la démarche américaine. C’est dans cet esprit que l’homme fort d’Abu Dhabi, Mohamed Ben Zayed, a adressé un message aux Koweïtiens au lendemain du décès de l’émir Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, en affirmant que «les Emirats, c’est le Koweït et le Koweït, c’est les Emirats». Un appel du pied criant au nouveau chef pour tenter de rallier Koweït City au plan et faire faire un virage à 180 degrés à ce petit pays demeuré en retrait de la stratégie visant à reconfigurer le Moyen-Orient et dont le défunt émir s’est ouvertement opposé à toute normalisation avec Israël.
Les Palestiniens sont avertis. La normalisation d’un certain nombre de pays de la région avec l’Etat hébreu n’est que le début d’un plan beaucoup plus large et dont les contours commencent à transparaître au travers de l’agitation diplomatique et militaire en cours dans la région. Les tournées du secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, du conseiller et néanmoins gendre du locataire du Bureau ovale, Jared Kushner, et maintenant celle du chef du Pentagone au Maghreb et au Moyen-Orient semblent marquer une nouvelle étape dans ce chambardement annoncé et qui pourrait préluder une nouvelle Intifadha palestinienne, voire le retour des actions directes comme ce fut le cas à l’époque du Fatah, du FPLP et du FDLP.
Dans la nouvelle guerre contre Israël, ce sont les formations islamistes du Hamas et du Hezbollah qui prendront le relais, appuyées par la Turquie et l’Iran, les deux pays s’employant à étendre leur hégémonie dans la région en profitant de l’affaiblissement évident des Etats-Unis – impact de la pandémie du Covid-19, crise politique interne aiguë et inédite, etc. – et de la perte évidente de leur puissance militaire face à Moscou et Pékin.
N. D.
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