Rabat échoue à imposer un Marocain à la place de l’Algérien Smaïl Chergui
Par Kamel M. – Le Makhzen a lamentablement perdu la bataille pour le remplacement de l’Algérien Smaïl Chergui à la tête de la Commission de l’Union africaine pour la Paix et la Sécurité par un de ses cinq candidats qu’il avait présentés pour multiplier ses chances de remporter le défi. «Alors que l’Algérie n’a présenté aucun candidat, le Maroc ne devrait pas non plus réussir son pari de placer l’un des siens. Sur cinq candidatures soutenues par Rabat, une seule figure encore dans la liste : le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et des Pêches Mohamed Seddiki en lice pour devenir le commissaire à l’Agriculture. Ce dernier a échappé de peu aux oubliettes obtenant un score de seulement 72%», révèle Africa Intelligence qui suit le dossier de très près.
De leur côté, les médias marocains relaient une information rapportée par le site saoudien Elaph, selon lequel «presque toutes les candidatures marocaines pour huit commissions de l’Union africaine ont été recalées, y compris celle de Hassan Abouyoub qui était pressenti pour succéder à l’Algérien Smaïl Chergui à la tête de la commission Paix et Sécurité». Ces médias ajoutent que les chances du Marocain Mohamed Seddiki paraissent également minimes «face à la concurrence de la représentante de l’Angola, Josefa Sacko, qui souhaite briguer un second mandat».
Le Makhzen, dont l’emprise sur de nombreux pays de la CEDEAO n’est un secret pour personne, avait tenté d’actionner cette partie de l’Afrique pour faire bloc contre le commissaire algérien, mais pas pour le faire remplacer par un Nigérian, comme l’avait rapporté Africa Intelligence. Rabat avait son propre pion en la personne de son représentant permanent aux Nations unies, Omar Hilale, qu’il comptait sortir de son escarcelle à la dernière minute et poser ainsi un lapin aux autorités nigérianes qui lorgnent le poste vu le rôle stratégique que cette puissance énergétique, membre fondatrice du Nepad, joue sur le continent.
Algeriepatriotique avait relayé, le 12 juin passé, un article d’Africa Intelligence, vraisemblablement commandité par le Makhzen – qui en est un des principaux bailleurs de fonds, selon des sources concordantes – dans lequel il était question d’un «forcing» opéré par le Nigeria au sein de l’Union africaine pour éjecter l’Algérie de la présidence du commissariat à la Paix et la Sécurité. «Depuis la création du poste de commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine, il est occupé par un Algérien, mais maintenant, il y a un accord quasi unanime sur le fait que le travail, avec des responsabilités élargies, devrait être confié à une autre puissance africaine : le Nigeria», rapportait le site. Ce média affirmait que «les Etats membres de l’Union africaine sont parvenus à un quasi-consensus sur le fait que le portefeuille élargi ne devrait pas revenir à l’Algérie ou à un autre pays du Maghreb» et que ces derniers estimaient que «c’est maintenant à leur tour d’adouber le futur commissaire à la Paix et à la Sécurité».
«Tout ceci n’est qu’une diversion fomentée par Rabat pour éviter une confrontation directe avec le pays ennemi, dixit le consul du Maroc à Oran, qu’est l’Algérie et profiter d’une confrontation entre cette dernière et les pays de l’Afrique de l’Ouest pour, ensuite, s’imposer comme l’alternative salutaire qui éviterait un blocage suite à cette joute diplomatique au sein de l’Union africaine», expliquaient des sources informées notre site, qui précisaient que le Makhzen comptait sur ses alliés au sein de la CEDEAO et sur l’influence de Paris sur les Etats africains qui pourraient ne pas adhérer à l’agenda marocain.
La liste des huit commissaires de l’Union africaine sera annoncée début de 2021.
K. M.
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