L’ex-diplomate français et la mystérieuse «valise lourde» en provenance d’Alger
Par Nabil D. – L’ancien diplomate français Jean-Yves Defaya a consacré un livre à une pratique diplomatique entourée du plus grand secret, celle de la valise. Intitulé Les Secrets de la valise diplomatique, l’ouvrage raconte des «anecdotes» liées à cette partie cachée des relations entre Etats. L’auteur révèle au grand jour sa mission «secrète» au détail près, les faits remontant aux années 1980.
Jean-Yves Defaya cite Alger trois fois. «Le troisième Td (nom de code des cadeaux officiels, ndlr) irritant vient d’un grand poste qui se plaint d’avoir reçu par une valise lourde venant d’Alger et transitant par le Département un matériel en grande partie obsolète et, de plus, très fatigué par un lourd usage, dont mes services ne sauraient être équipés… bla bla bla, je prie le service de la valise diplomatique de bien vouloir rapatrier cette cargaison erronée au Département, en utilisant ses crédits», écrit le diplomate à la retraite en précisant qu’«Alger qui n’en avait plus besoin nous avait pourtant assuré que ce matériel, en parfait état de marche, conviendrait certainement à…». De quoi s’agit-il ? L’auteur n’en dira pas plus, sinon qu’«Alger requiert une valise par semaine».
L’ex-haut fonctionnaire du Quai d’Orsay explique que sa tâche n’était pas une sinécure. «Mes cinq courriers de cabinet professionnels, aussi lourds soient leurs calendriers, sont loin de pouvoir se charger de toute la masse des valises que je dois faire accompagner. Internet n’existe pas et les téléphones et fax cryptés pas encore. Les télégrammes chiffrés, oui, mais les chiffreurs ont beaucoup à ramer, dans des eaux téléphoniques agitées et avec la meilleure volonté, on ne peut pas chiffrer tous les documents de communication entre Paris et ses missions à l’étranger», se plaint-il. «Et les matériels sécurisés ? La photocopie en 3D, cryptée de surcroît, n’existe pas, même aujourd’hui d’ailleurs», ajoute Jean-Yves Defaya. «Alors, dans mes belles années 1980, il faut que des courriers de cabinet se coltinent toutes les valises diplomatiques nécessitant une protection rapprochée», ironise-t-il.
L’auteur des Secrets de la valise diplomatique a dirigé pendant trois ans le service de la valise diplomatique et du chiffre au ministère français des Affaires étrangères. «Il y organise alors le convoyage de ces mystérieuses sacoches et valises inviolables et protégées par le secret d’Etat», lit-on dans la quatrième de couverture du livre. «Son témoignage documenté et savoureux nous invite dans les sous-sols du Quai d’Orsay : fonctionnement du courrier diplomatique, étude des sceaux, rançons, courriers explosifs, magouilles des services spéciaux de tous les pays, transports d’œuvres d’art, d’antiquités en danger de mort», précise l’éditeur qui parle d’«effervescence fourmillant d’anecdotes, racontée avec humour et finesse» et qui «offre au lecteur une plongée inédite au cœur d’un des services les plus mystérieux de Marianne».
La question se pose, pour nous autres Algériens, de savoir ce que Chadli avait envoyé de si lourd à son «ami» Mitterrand.
N. D.
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