Le média à capitaux qataris d’Azmi Bishara rejoint la meute du «qui tue qui»
Par Mohamed K. – Le journal dirigé par l’ancien membre de la Knesset israélienne Azmi Bishara s’est joint subrepticement à la meute du «qui tue qui» dans un article insidieux consacré au discours prononcé par le président Abdelmadjid Tebboune au siège du ministère de la Défense nationale. Faisant parler un «politologue algérien», le correspondant d’Al-Araby Al-Jadid à Alger glisse, dans un article fleuve, l’affirmation suivante : «La confiance du peuple en l’institution militaire est d’autant plus forte que l’armée s’est débarrassée de ses officiers dont les mains sont maculées du sang des innocents durant la décennie noire.»
Le journal à capitaux qataris se fait le porte-voix naturel des islamistes depuis sa création vers la fin de l’année 2014 pour suppléer la chaîne Al-Jazeera en pleine perte de vitesse. La révélation récente de la teneur de nombreux courriers électroniques entre l’ancienne secrétaire d’Etat de Barak Obama et la secte des Frères musulmans aux bras tentaculaires au Moyen-Orient et au Maghreb fait état d’un échange dans lequel Hillary Clinton et ses interlocuteurs convergeaient vers la nécessité de créer un nouvel organe médiatique pour appuyer les soulèvements arabes et soutenir le renversement des régimes en place en Syrie, en Egypte, en Tunisie et ailleurs.
Al-Araby Al-Jadid s’inscrit donc en droite ligne avec cette logique subversive et persévère sur la voie que lui ont tracée ceux qui ont présidé à sa création. Pour redorer son blason, l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad, qui venait de prendre le pouvoir à Doha, sur proposition de l’ex-Premier ministre Hamad Ben Jassem, qui voulait, lui aussi, faire son retour, avait lancé une nouvelle chaîne d’information en continu et un journal éponyme qui devait reprendre la propagande qui a fondé Al-Jazeera sous une autre forme plus subtile. C’est ainsi qu’il a confié la direction du projet à son conseiller attitré, Azmi Bishara.
Présenté comme un partisan de la «force douce», voire comme un anti-islamiste, Bishara était, au contraire, un des maîtres à penser de la communication officielle du Qatar, au temps déjà de Khalifa Ben Hamad Al-Thani, et c’est lui qui, en intellectuel organique, assurait la meilleure promotion du «printemps arabe» à travers ses chroniques à connotation académique. La présence, comme responsable de la rédaction de cette nouvelle chaîne à son démarrage, de l’ancien directeur d’Al-Jazeera, Wadhah Khanfar, connu pour ses accointances avec le mouvement des Frères musulmans – et aussi de la CIA – achevait de confirmer le retour, en douceur, à la ligne radicale qui a toujours caractérisé Al-Jazeera.
D’un point de vue stratégique, le lancement d’un tel projet devait permettre aux dirigeants qataris d’atténuer, un tant soit peu, l’ardeur des autres monarchies du Golfe qui avaient accentué leurs pressions sur Doha pour l’amener à se défaire de ses alliances avec la mouvance des Frères musulmans et, en même temps, de garder intacte leur influence idéologique sur le public acquis à la doctrine salafiste et de repartir à la reconquête de l’opinion arabe. C’est pourquoi la direction du succédanée d’Al-Jazeera avait pris soin, dès le début, de promouvoir une autre image, celle d’une chaîne voulant se distinguer de sa pâle copie.
M. K.
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