Enseignant décapité : Zekri condamne l’assassinat et dénonce les amalgames
Par Kamel M. – «J’ai un sentiment de haine, de révolte et de dégoût à l’égard de ceux qui utilisent l’islam pour tuer des innocents. Le sommet du crime fut celui de Toulouse quand des petits enfants dans un collège ont été tués uniquement parce qu’ils étaient juifs. C’était vraiment le sommet de l’horreur et, là, on retombe dans l’horreur encore avec le problème de Charlie Hebdo. On a déjà tué des membres du journal, on a essayé de tuer également pendant le procès et voilà qu’hier encore un criminel a tué au nom de l’islam», fulmine le président de l’Observatoire contre l’islamophobie.
«Je condamne avec force, naturellement, ce crime ignoble. Ces terroristes, il faut les condamner. Mais il faut, aujourd’hui, faire bloc autour de la République, défendre la laïcité et arrêter les polémiques», a souligné Abdallah Zekri, sollicité par plusieurs médias français et internationaux pour commenter la décapitation d’un enseignant par un terroriste originaire de Tchétchénie.
Mettant en garde contre les amalgames, le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) a indiqué qu’il était pour les séparatismes, «à condition que le terme soit utilisé au pluriel». «L’islam, a-t-il rappelé, est une religion de paix mais, malheureusement, ces terroristes parlent au nom de l’islam et assassinent au nom de cette religion». «Cela, nous ne pouvons pas l’accepter», a-t-il dit.
«Si j’insiste à chacune de mes interventions sur la nécessité de faire bloc contre le terrorisme, c’est parce que j’ai entendu des messages qui ne rassurent pas les musulmans, alors que parmi la majorité d’entre eux – il y a plus de six millions de musulmans en France –, seule une infime minorité ne respecte pas les valeurs de la République», a souligné Abdallah Zekri. «Mais, d’un autre côté, a-t-il précisé, quand j’entends quelqu’un dire qu’il faut ouvrir les bagnes, qu’il faut expulser tout le monde, je réponds que non. Il y a des immigrés qui sont sur le sol français depuis plus de trente-quarante ans et qui ont construit ce pays. Il faut parler de ceux-là aussi !»
«Ces criminels qui assassinent au nom de l’islam nous font passer tous pour des assassins», a regretté le président de l’Observatoire contre l’islamophobie, selon lequel «l’islamophobie est née des nombreuses attaques qui ciblent les musulmans sans distinction». «Cela aussi porte préjudice à la communauté musulmane», a-t-il estimé, en confiant qu’«à chaque fois qu’un crime est perpétré, dès que la nouvelle nous parvient, nous prions pour que cela ne soit pas encore au nom de l’islam.»
«Mes pensées et celles des musulmans que j’ai eus au téléphone et qui condamnent cet acte vont à la famille de la victime et au corps enseignant», a-t-il conclu.
K. M.
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