Le journal Le Monde : «Les intentions de l’Algérie sont difficiles à décrypter»
Par Nabil D. – «Le pays, soucieux des risques d’instabilité à ses frontières, entend jouer un rôle actif chez son voisin, où il garde une influence sur les groupes politico-militaires du nord», écrit le journal français Le Monde, dans le sillage de la visite du chef de la diplomatie française à Alger. Le journal estime que «l’Algérie veut s’imposer comme un acteur clé dans la crise au Mali, son voisin du sud, qu’elle considère comme sa profondeur géostratégique». Et de s’interroger : «Mais a-t-elle les moyens de ses ambitions ?» Selon le quotidien socialiste, «des analystes en doutent».
La lecture du Monde semble inspirée de la ligne officielle du Quai d’Orsay qui, tout en brossant dans le sens du poil s’agissant du rôle de l’Algérie dans le règlement des crises et la lutte antiterroriste dans la région, n’en adopte pas moins, dans les faits, des positions aux antipodes de celles d’Alger, aussi bien par rapport au conflit libyen qu’au dossier sahélien, l’Algérie ayant refusé de rejoindre le groupe G5 Sahel car rejetant de fait l’intervention de l’armée française au Nord-Mali et refusant de servir d’alibi à un interventionnisme déguisé de l’ancienne puissance coloniale.
Faisant parler une source académique, celle-ci relève qu’Alger «[veut] s’imposer dans la médiation» en «[disant] que rien ne peut se faire sans nous». Pour ce chercheur, la «ligne directrice» de l’Algérie, «c’est éviter que les revendications indépendantistes des Touareg et les troubles au Mali et au Niger ne rejaillissent», en expliquant que «le Mali est dans la sphère stratégique de l’Algérie, avec laquelle il partage près de 1 400 km de frontière».
«Si l’Algérie n’est pas officiellement présente sur le terrain, elle garde une influence sur les groupes du nord du Mali, dont beaucoup de membres ont la nationalité algérienne, principalement dans la région de Kidal», écrit Le Monde, qui laisse entendre insidieusement que l’Algérie entretiendrait les groupes islamistes armés dans ce pays. «Elle détient aussi un atout avec l’accord de 2015, auquel tous les protagonistes de la crise se réfèrent, quelles que soient leurs arrière-pensées sur un processus qui n’a pas empêché une propagation des violences», écrit encore le journal, selon lequel «les intentions d’Alger restent difficiles à décrypter».
Et de rappeler une évidence : «L’Algérie ne veut pas de forces françaises trop près de ses frontières», et refuse toute «résolution du conflit sans s’assurer un rôle central».
N. D.
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