Epuisement des réserves, prix du baril, Augusta : Attar joue carte sur table
Par Mohamed K. – Le ministre de l’Energie n’y est pas allé par trente-six chemins pour expliquer la réalité de la situation énergétique en Algérie. Réitérant l’impérative nécessité de se débarrasser de la dépendance quasi totale envers les exportations des hydrocarbures, Abdelmadjid Attar a expliqué, sans ambages, que l’Algérie ne pouvait plus compter sur la rente pétrolière si elle ne change pas de stratégie avant qu’il soit trop tard.
«Il y a très peu de chance que les prix du baril reviennent à leur niveau d’avant-2013», a affirmé le ministre dans un entretien au quotidien arabophone El-Khabar, en précisant que «les réserves de pétrole et de gaz baissent tandis que la consommation locale augmente de 8% chaque année». Abdelmadjid Attar a, par ailleurs, confirmé que le dossier de l’acquisition de la raffinerie d’Augusta, en Italie, était entre les mains de la justice. L’affaire a fait couler beaucoup d’encre et des spécialistes avaient mis en garde contre une telle transaction, mais les responsables de la compagnie Sonatrach à l’époque assuraient qu’ils «savent ce qu’ils font».
Dans un entretien au Soir d’Algérie, en août dernier, le ministre de l’Energie avait décrit un secteur «dégradé du point de vue de l’efficacité et des réserves» et relevé que «la pression sur le secteur a augmenté», en soulignant que le fait qu’il «fasse vivre le pays est un problème». «Dans les années 1990 et avant, c’était toujours 90 à 95% de rente pétrolière ; en 2020, c’est toujours pareil, si ce n’est pas pire», avait-il fait remarquer. «Si le prix actuel se maintient, avait-il dit, on terminera l’année avec une moyenne supérieure à 42 ou 43 dollars le baril, cela va permettre d’équilibrer le budget qui a été prévu à 30 dollars le baril.» «Mais, avait-il indiqué, en réalité, l’Algérie a besoin d’un baril à 60 dollars au minimum sur une période de deux ans au moins, avec tous les efforts qui doivent être faits, par ailleurs, dans les domaines de l’agriculture, de l’investissement et de l’énergie pour la production de valeur, la création d’emploi, etc.» Pour lui, «la rente doit baisser de 20%» pour «sauver le pays».
Abordant la question des énergies non conventionnelles, le ministre de l’Energie avait estimé qu’«on fabule trop sur le gaz de schiste», expliquant que «la sécurité énergétique est la préoccupation principale de tous les pays» et que celle-ci «consiste à disposer de l’énergie nécessaire au développement». «L’Algérie dispose de 2,7 milliards de tonnes d’hydrocarbures liquides et de 2 500 milliards de mètres cubes de gaz, mais ce n’est pas suffisant», avait-il fait savoir, en notant que le gaz de schiste «n’est pas une rente mais un appoint pour la sécurité énergétique au-delà de dix ans».
M. K.
Comment (22)