La crise s’aggrave : l’Algérie connaîtra un très lourd déficit budgétaire en 2021
Par Mounir Serraï – Les problèmes financiers de l’Algérie vont en s’aggravant. Toujours dépendante des recettes en hydrocarbures en baisse à cause de la chute des prix du pétrole due au ralentissement de l’économie mondiale depuis le début de la pandémie du coronavirus, l’Algérie voit ainsi son déficit commercial se creuser et son déficit budgétaire encore plus. Si le déficit commercial semble se situer autour de 7 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, le déficit budgétaire, quant à lui, s’avère plus lourd que prévu. Ainsi, selon des sources sûres, ce déficit, aggravé par la baisse vertigineuse du prix du pétrole et, par ricochet, de la fiscalité pétrolière, va dépasser toutes les prévisions.
En effet, selon les mêmes sources, ce déficit va frôler la barre des 2 000 milliards de dinars. Autrement dit, plus important que celui de l’année 2019 et, surtout, dépassant les prévisions du ministre des Finances qui tablait sur un déficit de moins de 2 000 milliards de dinars. Le déficit a atteint ces seuils astronomiques à cause de la baisse drastique de la fiscalité pétrolière qui constituait jusqu’à un passé récent 80% du budget de l’Etat et la stagnation de la fiscalité ordinaire qui peine à décoller pour une multitude de raisons. La fiscalité pétrolière devrait représenter aujourd’hui moins de 35% du budget de l’Etat qui tourne autour de 8 000 milliards de dinars.
Les recettes budgétaires de l’Etat se sont considérablement contractées ces dernières années, passant ainsi de près de 10 000 milliards de dollars à 6 200 milliards de dinars en 2020. Cette contraction risque de se poursuivre si le prix du baril du pétrole ne rebondit pas de sitôt. La fiscalité ordinaire sera à hauteur de 4 000 milliards de dinars à la fin de l’année et la fiscalité pétrolière de 2 700 milliards de dinars. Le gouvernement devra à nouveau recourir au financement conventionnel pour maintenir son budget au même niveau que l’année qui s’achève ou s’il veut l’augmenter pour stimuler la croissance à travers le financement de l’investissement productif.
Pour le ministre des Finances, la situation «n’est pas confortable, il ne faut pas se mentir». «Mais, assure-t-il, nous gérons la situation de façon précise, notamment à travers la rationalisation des dépenses, qui se poursuit.» Mais la rationalisation suffira-t-elle à rééquilibrer la balance des paiements dans un contexte où les recettes de fiscalité sont en constante baisse ?
La situation dépendra visiblement encore du marché pétrolier. Du moins pour les prochaines années. Cela en attendant les réformes économiques annoncées par le gouvernement.
M. S.
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