Les femmes algériennes progressistes défient les islamo-conservateurs
Par Houari A. – Les femmes algériennes progressistes subissent un lynchage en règle sur les réseaux sociaux et dans les médias islamistes. Trois d’entre elles, une actrice, une journaliste et une militante des droits de l’Homme sont particulièrement ciblées pour avoir exprimé librement leur opinion sur des sujets tabous qui irritent les islamo-conservateurs. Ainsi, le quotidien porte-voix des Frères musulmans en Algérie, Echorouk, s’enorgueillit de ce que la militante Amira Bouraoui vient d’être attaquée en justice pour «insulte au Prophète» (QSSSL).
La montée de l’extrémisme religieux en Algérie, qui cible tout particulièrement le «sexe faible», a fait réagir des femmes qui dénoncent l’avanie quotidienne dont elles sont victimes dans les rues algériennes. La femme, en Algérie, est «sale, honteuse, désarmée, déshumanisée», écrivent-elles, en refusant désormais que leur colère soit «retournée vers l’intérieur comme une épine que tu ne peux arracher et que tu enfonces dans la chair en espérant moins de douleur».
«Tu viens de rentrer d’une longue journée. Tu essaies de te souvenir de quelques bons moments, des problèmes que tu as réglés, du travail qui te fatigue ou des études, parfois, tu parviens à ne pas penser à ce qui a fait, en définitive, l’essentiel de ces quelques heures passées dehors. Mais le lendemain, ce sera le même parcours. Le surlendemain aussi. En fait, tu es aujourd’hui convaincue que tu ne marcheras jamais en paix», s’indignent-elles, en regrettant que «peu à peu», la femme «assimile, intériorise, intègre le langage et les gestes de cette rue dégoulinante de haine et de désir comme une réalité invincible».
«Coupable, tu rentres exténuée, la gorge et les yeux secs, le poing serré dans ta poche, péché sur pattes, sexe ambulant, corps criminel, esprit fourbe, habitante majoritaire de l’enfer, langue de vipère, corruptrice et perverse, tu expies l’être potentiellement impur que tu es en subissant brimades et humiliations», s’insurgent ces femmes libres dans un message diffusé sur les réseaux sociaux pour dire haut et fort leur refus d’écouter ceux qui leur conseillent de «ne pas en faire un drame» car le «riche florilège d’épithètes obscènes» qui résument la femme, à leurs yeux, «ce sont des paroles en l’air».
«Alors, un jour peut-être, tu comprendras que rien, pas même un voile, pas même un hidjab strict, pas même un voile intégral, ni tes manières soignées, ni tes yeux fixés par terre, ni ton silence, ni tes vertus, ni tes connaissances, ni ton aptitude au compromis, rien de tout cela n’arrêtera l’affront», conclut le texte qui suscite un large soutien sur la Toile.
H. A.
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