Les Nigériens se joignent aux Algériens et dénoncent la libération de terroristes
Par Abdelkader S. – Les Nigériens sont tout aussi agacés que les Algériens par la remise en liberté de deux cents terroristes islamistes au Mali en contrepartie de la libération d’une otage française. Le correspondant du quotidien Le Monde à Niamey a sondé la société civile sur place et celle-ci est unanime à affirmer que la capitale du pays est «encerclée par des groupes terroristes». Un responsable au sein d’une ONG locale, Alternative espaces citoyens (AEC), qui s’est exprimé dans les colonnes du journal français, note que «la position du gouvernement malien n’aurait sans doute pas été la même si les otages avaient été des soldats et non des Occidentaux».
«Dans les rangs des forces de sécurité nigériennes, on craint également que ces libérations contribuent un peu plus à déstabiliser un pays secoué, en juin, par l’assassinat de six Français de l’organisation Acted, de leur guide et de leur chauffeur, à 60 kilomètres de Niamey, dans le parc de Kouré», fait remarquer le correspondant nigérien du Monde. «Un massacre, rappelle-t-il, revendiqué le 17 septembre par l’organisation Etat islamique» (Daech, ndlr).
«Tout le Niger, à l’exception de la capitale, est désormais formellement déconseillé», écrit encore le quotidien français, qui fait parler un officier de police : «Ces libérations au Mali, apparemment mal négociées au vu du nombre et de la dangerosité de certains présumés terroristes élargis, risquent de coûter cher à des pays comme le Niger», a-t-il mis en garde. Un haut gradé de l’armée nigérienne pense, lui, que «c’est une fâcheuse jurisprudence». «Il faut s’attendre dans les prochains mois à des actions des groupes armés, et cela d’autant plus qu’ils sont revigorés par la libération de plusieurs d’entre eux et qu’ils ont de quoi se procurer du matériel de guerre avec l’argent qu’ils auraient perçu», a-t-il affirmé.
Pour le correspondant du Monde au Niger, cette analyse «éclaire le mal-être existant au sein des armées des pays du G5 Sahel qui se savent pertinemment fragiles face aux djihadistes, alors qu’elles sont chaque jour en première ligne et que les pays occidentaux aimeraient les voir prendre davantage de responsabilité dans la lutte antiterroriste». Une analyse qui, par ailleurs, justifie le choix de l’Algérie de ne pas y prendre part.
A. S.
Comment (11)