Abdelmadjid Attar : «Le groupe Sonatrach n’est pas rentable !»
Par Mounir Serraï – Le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, estime qu’il ne faut plus compter sur le groupe Sonatrach pour la création d’emploi. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, le ministre de l’Energie appelle à repenser le modèle de l’emploi en Algérie afin de laisser les grands groupes économiques, tels que Sonatrach et Sonelgaz, fonctionner selon les normes de management en vigueur dans leurs domaines d’activité.
«Il y a un grand problème de rentabilité de nos groupes économiques. Je suis désolé mais je pense plus particulièrement à Sonatrach qui, certes, engrange des profits mais elle n’est pas rentable», affirme Attar pour lequel le groupe Sonatrach subit trop de pressions, notamment en ce qui concerne l’emploi. «Comme le pays n’a pas développé son pays et vit de la rente, il y a une énorme pression sur le marché de l’emploi. Mais le secteur des hydrocarbures ne peut absorber le chômage. Il ne peut être le créateur d’emploi. Les secteurs pourvoyeurs d’emploi sont connus. C’est l’agriculture, la PME, la PME, le bâtiment», précise Abdelmadjid Attar qui dénonce à demi-mot le recrutement politique à Sonatrach afin de réduire le chômage.
Il est à rappeler que le groupe Sonatrach est loin d’être compétitif en raison notamment d’une pléthore d’effectifs. Sonatrach emploie plus de 180 000 personnes, alors que des sociétés pétrolières cinq fois plus grandes fonctionnent avec des effectifs bien moins importants. Haliburton, au chiffre d’affaires de 240 milliards de dollars en 2019, n’emploie que 55 000 personnes. BP, au chiffre d’affaires de 128 milliards de dollars en 2019, ne compte que 73 000 employés. Avec un chiffre d’affaires de 39 milliards de dollars en 2018, Sonatrach dispose de plus que le double de l’effectif de BP et du triple d’Haliburton.
Pour transformer ce groupe et le hisser au niveau des standards internationaux en matière de fonctionnement et de management, il faudra se séparer d’une bonne partie de son effectif qui, d’un point de vue technico-économique, ne sert absolument à rien. Abdelmadjid Attar pourra-t-il agir sur ce point crucial lorsqu’on connaît le fonctionnement de ce groupe et comment a été recruté cet effectif pléthorique ? C’est presque une mission impossible pour le ministre.
Par ailleurs, le ministre de l’Energie tire à nouveau la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la consommation des produits énergétiques d’année en année, pénalisant ainsi les exportations en hydrocarbures. Selon lui, à partir de 2030, il n’y aura plus suffisamment de gaz et de pétrole pour subvenir aux besoins internes tout en continuant à exporter les mêmes quantités qu’aujourd’hui.
Abdelmadjid Attar, qui plaide pour un mix énergétique afin de préserver les ressources fossiles pour les générations futures, estime que la sécurité énergétique est garantie jusqu’à 2040 si l’on se fie à l’état des réserves en gaz et en pétrole.
Selon le ministre, les réserves d’hydrocarbures prouvées et exploitées depuis 1952 étaient constituées de 2,5 milliards de mètres cubes de gaz et de 1,7 milliard de tonnes de pétrole, dont plus de 50% du total ont été consommés à ce jour. Pour préserver ce qui reste, il faudra diversifier les sources énergétiques en développant, entre autres, le solaire, soutient Abdelmadjid Attar.
M. S.
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