L’Emirati Ben Zayed sous-traite pour le compte de l’Etat hébreu à nos frontières
Par Abdelkader S. – La machine de la normalisation avec Israël s’emballe. L’ouverture d’un consulat à Laâyoune occupée par les Emirats arabes unis est une des phases par lesquelles le Maroc passe pour rallier la cohorte de pays qui ont décidé de pactiser avec l’entité sioniste et de tourner le dos à la cause palestinienne. Nous annoncions, dans un précédent article, que Mohamed Ben Zayed avait monnayé l’ouverture d’un consulat des Etats-Unis à Dakhla contre l’établissement de relations diplomatiques officielles entre Rabat et Tel-Aviv. Cela se confirme.
C’est dans des termes dithyrambiques, à la limite de l’obséquiosité, que l’agence marocaine de presse a annoncé l’ouverture du consulat des Emirats à Laâyoune. Une servilité bien marocaine qui dénote l’empressement du Makhzen à trouver de nouveaux chaperons pour sauver la monarchie d’une révolte populaire qui pointe à l’horizon. Mohammed VI a besoin de consolider son trône face à la colère qui couve dans son royaume exsangue. Le prince héritier émirati lui a tendu une perche au «bon moment» et la solution semble avoir été trouvée pour éviter de mettre le roi dans une position délicate en ne le forçant pas à annoncer une normalisation avec l’entité sioniste au risque de provoquer des émeutes, mais en laissant les Emirats sous-traiter pour lui.
Le Premier ministre islamiste Saâd-Eddine El-Othmani n’avait pas tort d’affirmer qu’une normalisation de son pays avec Israël relevait de l’impossible. Mohammed VI et son influent conseiller, André Azoulay, en sont pleinement conscients, de même que les architectes de la reconfiguration du Moyen-Orient à Washington et Tel-Aviv, avec la bénédiction de l’Arabie Saoudite et les encouragements intéressés de l’Egypte et de la Jordanie. L’idée de substitution consiste donc à introduire le loup dans la bergerie, drapé dans l’habit émirati et déguisé en bon samaritain.
En effet, Israël et les Emirats arabes unis ont clairement affiché leurs ambitions économiques en Afrique du Nord. Dans une récente émission de la chaîne israélienne francophone i24, consacrée à la normalisation entre Tel-Aviv et Abu Dhabi, il a été question de projets d’investissements communs à venir. Plusieurs secteurs ont été cités comme étant prioritaires, notamment l’immobilier et l’agriculture. Mais un autre domaine concernera l’Algérie directement, celui des ports. D’où l’intérêt émirati pour la ville côtière de Laâyoune, située au bord de l’Atlantique. Une aubaine pour DP World, dont la présence en Algérie, signalions-nous, devient de plus en plus problématique.
La présence de ce groupe émirati en Algérie rend notre pays vulnérable, d’autant plus que l’objectif annoncé est de «créer un forum pour promouvoir la coopération économique et créer de nouvelles opportunités pour les entreprises des deux pays» (Israël et les Emirats arabes unis, ndlr) et, plus grave, celui d’échanger «des informations sur les perspectives d’études de marchés, de foires et d’expositions et de missions commerciales organisées dans leurs pays». Les Emirats s’engagent ainsi à fournir toutes les informations en leur possession à leur allié israélien, y compris celles liées à notre économie, tout en lui permettant de s’implanter à nos frontières.
A. S.
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