Quels scénarii en cas de vacance due à une longue absence du Président ?
Par Karim B. – La maladie du président de la République tombe mal. Elle intervient moins d’une année après sa succession à un chef d’Etat déboulonné manu militari suite à la pression de la rue, pour cause d’impotence. Le même scénario est-il en train de se dessiner sous nos yeux ? L’évacuation urgente d’Abdelmadjid Tebboune vers un pays européen pour y subir des «examens approfondis» a, en tout cas, suscité de sérieuses inquiétudes en haut lieu et des commentaires mitigés chez l’opinion publique.
Une évacuation à l’étranger signifie, évidemment, que l’état de santé du Président nécessite qu’on lui assure un traitement autrement plus efficace que celui dont il aurait pu bénéficier en Algérie. Rassurer sur le caractère «ordinaire» d’une telle décision prise en toute urgence ne suffira pas, cela va de soi, à convaincre de la «normalité» de la situation dans ce contexte de grave crise multidimensionnelle interne et de chambardements géostratégiques à nos frontières aux conséquences imprévisibles.
Un nouveau problème se pose donc à l’Algérie au moment même où le successeur de Bouteflika s’apprêtait à faire voter sa nouvelle Constitution qui lui permettrait d’entamer de façon concrète son premier mandat, en procédant aux réformes structurelles profondes qu’il a promises durant sa campagne électorale.
De nombreuses questions se posent dès lors : combien de temps durera l’hospitalisation hors du pays du détenteur des sceaux de la République ? Qui dirigera les affaires de l’Etat en son absence ? Quels scénarii sont-ils envisagés en cas d’empêchement ? L’armée évitera-t-elle la réédition du cas Bouteflika en épargnant au pays une catastrophe telle que celle qui a conduit au soulèvement populaire – heureusement – pacifique ? Autant de questions qui, si le président Tebboune se voyait incapable de poursuivre sa mission, trouveraient leur réponse dans les décisions que l’état-major de l’ANP se verrait obligé de prendre pour éviter que le pays sombre dans le chaos.
La balle est encore une fois dans le camp de l’armée qui devrait accompagner une période de transition complexe et délicate, marquée par un nouvel élément de crise qui n’a sans doute pas été envisagé dans les prévisions les plus pessimistes des décideurs. Selon des sources sûres, c’est l’état-major de l’armée, pour des raisons évidentes de sûreté de l’Etat, qui gère le dossier de bout en bout, le pays étant entouré de menaces, alors que la flamme du mouvement de contestation populaire, dévoyé par les islamistes, est loin d’être éteinte.
Le pays risque d’entrer dans une phase d’incertitudes et aura besoin de faire bloc pour transcender cette nouvelle épreuve qui, au-delà de la personne du président de la République, concerne les fondements vacillants de l’Etat et le devenir d’une nation en proie à de sournoises tentatives de division.
K. B.
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