L’ambassadeur sahraoui au Kenya donne une leçon à son homologue marocain
Nous publions, ci-après, l’excellente réponse de l’ambassadeur du Sahara Occidental au Kenya à l’article publié par l’ambassadeur du Maroc à Nairobi, intitulé «Mouvements sécessionnistes, la menace du séparatisme en Afrique».
Par Bah El-Mad(*) – Il est triste de gaspiller le talent du professeur de Yale en se transformant en barde chantant et louant l’injustice, falsifiant l’histoire et les principes du droit international. Le Sahara Occidental est une question de décolonisation à l’ordre du jour du comité de décolonisation des Nations unies depuis le début des années 1960 du siècle dernier. Depuis 1975, sa décolonisation et son indépendance ont été interrompues par l’agression militaire du Maroc.
Il n’est pas étonnant que les Nations unies et l’Union africaine envoient une mission de maintien de la paix pour sauvegarder le principe d’autodétermination et le principe sacro-saint des frontières héritées de l’époque coloniale. Les assauts et agressions militaires ne devraient jamais être une occupation légitime.
Pour la communauté internationale et en particulier pour l’Afrique, le Sahara Occidental est la dernière colonie du continent et l’AGNU a identifié le Maroc comme une force d’occupation dans ses résolutions 34/37 de 1979 et 35/19 de 1980.
Depuis 1991, l’ONU et l’UA sont mandatées au nom de la communauté internationale pour mettre fin au conflit et sauvegarder le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Il est compréhensible que l’ONU et l’UA consacrent du temps et des ressources à démembrer le territoire légitime du royaume épris de paix du Maroc. L’illustre professeur de Yale pourrait-il clarifier cette énigme aux lecteurs de ses arguments incongrus ?
La menace du séparatisme en Afrique
Le professeur de Yale ose-t-il parler à son auditoire des «revendications historiques du Grand Maroc» ? Les lecteurs du prestigieux Star (journal kényan ayant publié la tribune de l’ambassadeur du Maroc, ndlr), ont le droit de savoir qu’en plus du Sahara Occidental, le Maroc revendique un empire chimérique qui englobe des parties de l’Algérie, la moitié du Mali et toute la Mauritanie. Le professeur considère-t-il tous ces pays comme séparatistes ?
Le public mérite un traitement plus sérieux, il mérite des informations et des données vérifiées, pas seulement des allégations. Les revendications territoriales du Maroc sur le Sahara Occidental ont été examinées par la Cour internationale de justice en 1975 et le verdict de la Cour était que «les documents et informations qui lui ont été présentés n’établissent aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire de Sahara Occidental et le royaume du Maroc ou l’entité mauritanienne. Ainsi, la cour n’a pas trouvé de liens juridiques de nature à affecter l’application de la résolution 1514 (xv) de l’Assemblée générale dans la décolonisation du Sahara Occidental et, en particulier, du principe de l’autodétermination par l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire».
Les préceptes de la légalité internationale doivent être respectés
La vérité est que le Sahara Occidental n’a jamais fait partie du Maroc, donc le Mouvement de libération sahraoui Front Polisario, ne peut en aucun cas être «séparatiste».
Avant leur invasion militaire de notre pays en 1975, aucune preuve de la présence marocaine ne peut être trouvée au Sahara Occidental. Aucun document, aucun bâtiment, aucun cimetière, absolument rien.
Les pères fondateurs de notre organisation continentale ont été sages et clairvoyants lorsqu’ils ont inscrit dans sa charte le respect des frontières héritées de la colonisation.
Le Maroc doit respecter la légitimité internationale, la charte de l’Union africaine et le plan de règlement ONU-OUA de 1991 qui a un objectif clair et précis, à savoir la tenue d’un référendum qui permettrait au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à son indépendance.
B. E.-M
(*) Ambassadeur de la République sahraouie au Kenya
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