Soutien aux caricatures du Prophète : Emmanuel Macron fait marche arrière
Par Houari A. – Le Président français a affirmé, dans un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazeera, ce samedi, «comprendre» que des musulmans puissent être «choqués» par les caricatures du Prophète de l’islam, mais qu’elles ne justifiaient pas la violence. «Je comprends qu’on puisse être choqué par des caricatures, mais je n’accepterai jamais qu’on puisse justifier la violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c’est notre vocation de les protéger», a-t-il dit, pour, visiblement, ne pas paraître comme se déjugeant.
Réagissant à ces propos, l’islamologue et politologue français François Burgat, par ailleurs directeur émérite de recherche au CNRS, a qualifié la position d’Emmanuel Macron de «belle marche arrière» de ce dernier qui, «au lieu de faire preuve de la sagesse et de la responsabilité du Premier ministre danois, avait jugé bon de faire de la surenchère sur son soutien aux caricatures».
Emmanuel Macron a provoqué une vague d’indignation dans plusieurs pays musulmans où des manifestations, parfois violentes, ont eu lieu. Sa sortie médiatique, à la suite de l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty par un fanatique islamiste d’origine tchétchène, a été à l’origine d’un autre attentat sanglant commis par un ressortissant tunisien dans une cathédrale à Nice. Une attaque au couteau qui a fait trois morts et exacerbé le sentiment de haine raciale en France où des groupuscules identitaires extrémistes de droite ont appelé à s’en prendre aux musulmans et à incendier des mosquées pendant la prière. Des hommes politiques entretenant l’amalgame distillent, de leur côté, un discours islamophobe condamné par de nombreuses personnalités françaises et les responsables du culte musulman en France.
Si Emmanuel Macron a choisi un média qatari pour s’expliquer sur ses propos qui ont heurté les musulmans, il n’en demeure pas moins que des observateurs français s’interrogent sur la présence, dans les rayonnages de certaines grandes librairies françaises, à l’image de la Fnac, d’ouvrages du prédicateur Youssef Al-Qaradawi, théoricien des Frères musulmans rémunéré par Doha, dont les écrits s’inscrivent dans le sens de la guerre des civilisations et de l’apologie du terrorisme islamiste.
La France est sur une poudrière, estiment de nombreux analystes qui craignent de nouveaux attentats terroristes commandités par la nébuleuse d’Al-Qaïda et de Daech, d’un côté, et une augmentation exponentielle des actes islamophobes qui pourraient se caractériser par une violence jamais égalée jusque-là.
H. A.
PS : Au moment où nous rédigions ces lignes, un prêtre catholique venait d’être victime d’un attentat par arme à feu à Lyon.
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