L’étrange annonce du ministre israélien du Renseignement concernant l’Algérie
Par Abdelkader S. – Etrange déclaration du ministre israélien du Renseignement sur la chaîne israélienne Chanel 20. Eli Cohen a, en effet, affirmé qu’Israël allait entamer des négociations avec l’Algérie avec laquelle l’Etat hébreu «compte intensifier les échanges». L’information a été relayée par l’agence turque Anadolou et des médias marocains dont le pays a également été cité parmi les pays arabes concernés par ces présumées discussions prévues après la présidentielle américaine.
Selon le ministre israélien, cinq pays seront approchés pour les convaincre d’emboîter le pas aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et au Soudan qui ont pactisé avec l’entité sioniste sous l’égide des Etats-Unis. Il s’agit, toujours selon le membre du gouvernement Netanyahou, outre l’Algérie et le Maroc, de l’Arabie Saoudite, du sultanat d’Oman et du Qatar.
«Après la signature de l’accord de normalisation avec les Emirats arabes unis, j’avais dit qu’il y aurait d’autres accords à venir avec d’autres pays du Golfe et de l’Afrique, et le Bahreïn et le Soudan ont rejoint cette voie historique», a soutenu le ministre israélien dans son intervention qui ne manquera pas de susciter des remous en Algérie, les Algériens étant unanimes à s’opposer à un établissement de relations diplomatiques ou commerciales avec le régime de Tel-Aviv, tant le soutien de l’Algérie à la cause palestinienne prime sur toute autre considération.
C’est la première fois qu’un officiel israélien évoque l’Algérie dans le plan de reconfiguration de la carte du Moyen-Orient et du Maghreb élaboré par les Etats-Unis depuis les années 1970 et dont l’exécution a commencé avec la conclusion de nouveaux «accords de paix» avec Israël, après celui de Camp David qui coûtera la vie, quelques années plus tard, au Président égyptien Anouar El-Sadate.
Récemment, l’hebdomadaire Jeune Afrique remettait au goût du jour, vingt ans après le déroulement des faits, la poignée de mains échangée entre l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, au Maroc, lors des funérailles du roi Hassan II. Le média, fondé à Paris par Bachir Ben Yahmed, écrivait, au lendemain d’un discours d’Abdelmadjid Tebboune à travers lequel il dénonçait l’empressement de certaines capitales arabes à se jeter dans les bras d’Israël : «Alors que les débats de la normalisation des relations avec Israël agitent le monde arabe, Abdelaziz Bouteflika avait initié un début de rapprochement avec l’ennemi juré dès son arrivée au pouvoir.».
La position inchangée réitérée par le président Tebboune avait été accueillie avec soulagement en Palestine où le peuple palestinien se sent de plus en plus trahi par les dirigeants arabes, notamment les monarques du Golfe qui s’emploient à offrir un blanc-seing à la puissance occupante sous le couvert d’une démarche visant à instaurer la paix dans la région mais qui, dans la réalité, vise à sacrifier la cause palestinienne sur l’autel d’intérêts économiques et de considérations géostratégiques qui situent l’Iran comme le nouvel ennemi des Arabes qui doit être combattu main dans la main avec Israël.
Le message du ministre israélien prélude-t-il des pressions que les Etats-Unis s’apprêteraient à exercer sur l’Algérie pour l’obliger à pactiser avec l’ennemi ? Nous le saurons après les présidentielles américaines.
A. S.
Comment (98)