Reconfigurer les partis
Par Arab Kennouche – Il ne peut y avoir d’Algérie nouvelle sans reconfiguration politique générale au niveau des partis. C’est la réforme profonde du jeu des partis politiques qui garantira l’émergence d’une nouvelle mentalité politique au service de la nation et non d’intérêts privés. Entendons-nous bien sur un tel enjeu : il faut établir une saine et libre concurrence entre les partis dans un cadre légal et non plus leur enchaînement aux centres de décision, comme c’est le cas pour le FLN et le RND.
Par exemple, si le FLN veut continuer d’exister, il doit pouvoir le faire en dehors des centres de décision et se jeter dans l’arène de la confrontation politique. Le pantin FLN-RND a aussi créé d’autres multiples démembrements au niveau des institutions de l’Etat au point où chaque partie de ce corps inamovible ne se meut non pas sur la base de droits constitutionnels, mais d’intérêts claniques et sectaires.
Le Hirak est une réponse fatidique, inévitable à cette grande mascarade du parti unique qui s’est voilé de démocratisme tout en se lovant dans les centres de décision les plus puissants du pays. Quant à la question islamiste et à sa dimension violente et radicale, seule la démocratie peut nous en prémunir. C’est en obligeant les islamistes au respect de la règle démocratique que leur volonté d’en découdre finira par disparaître.
La démocratie tue les partis extrémistes et violents, en provoquant une division en leur sein entre modérés et radicaux. En reconfigurant le champ politique, par la création de partis politiques puissamment ancrés dans la société, on évite que l’islamisme se répande dans le peuple faute de représentativité. Dans aucun pays musulman les partis islamistes ne sont majoritaires, mais leur ancrage sociétal est tel qu’il provient généralement d’une atrophie du champ démocratique.
L’absence de tout champ politique structuré autour de partis forts et respectueux de la Constitution démocratique est le véritable enjeu que doit affronter Abdelmadjid Tebboune durant son quinquennat.
A. K.
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