Quand le Makhzen fait avaler des couleuvres sur les diplomates algériens
Par Abdelmadjid A. (*) La particularité de cette phase historique dans les relations algéro-marocaines est qu’elle correspond à une guerre abstraite, voire symbolique. En somme, une guerre de mots et tout ce qui s’ensuit comme propagande, guerre psychologique, dénigrement des thèses de l’autre et promotion des valeurs nationales s’accompagne d’une volonté de plaire et de prendre le contrôle de l’initiative de l’action de la communication comme source de velléités de stratégies de redéploiement.
Vu sous cet angle, le constat est sans appel. Sur les vingt dernières années, je peux dire sans risque de me tromper que le Maroc est une «construction de façade», un «pays non libre».
Ce préambule épistémologique délibéré vise à souligner que la monarchie marocaine, échaudée par les scandales récurrents, fait un appel d’air aux «têtes parlantes» et aux «mercenaires communicants» pour dépoussiérer l’image du pays et camoufler le modèle prédominant qui se base sur le mensonge systématique, la guerre psychologique et la propagande, et qui touche ses limites, s’agissant des rapports avec le voisin oriental, jugé par l’entourage royal «désobligeant», « concurrent», «rival», voire «ennemi».
Tout cela, bien sûr, a favorisé la naissance de feuilles de chou, de publications et de productions audiovisuelles dirigées par des entités occultes plus ou moins rompues à l’action psychologique et à la pratique propagandiste, issues de cursus spécialisés. Leur particularité est d’avoir fait appel à une arme redoutable, celle de la terminologie.
Il s’agit en fait d’utiliser des mots pour dévaloriser le voisin de l’Est, dont les symboles de sa diplomatie sont jetés en pâture et systématiquement visés par des sobriquets fabriqués, en se basant sur le mensonge : on donne une partie de l’information, celle qui arrange, mais pas celle qui dérange, dont la finalité est de dénaturer des appréciations spéculatives et tendancieuses sur la situation en Algérie et ses perspectives.
Dans le même temps, des officines douteuses médiatisent à grande échelle des études sur un prétendu avenir «apocalyptique» qui attend notre pays alors que notre voisin le «royaume enchanté» est assuré d’un avenir «radieux». Cette mobilisation hystérique fait suite à un article publié sur un site revendiquant prétendument son algérianité.
Une fois publié sur AlgeriaTimes, le fiel est repris par la majorité des médias marocains, y compris par le très officiel quotidien Le Matin.ma
Cette stratégie permanente de la tension à l’égard de l’Algérie et de ses symboles vise à amener le voisin de l’Est à «réviser» sa position de principe sur la question de la décolonisation du Sahara Occidental (qui est, rappelons-le, la position de l’ensemble de la communauté internationale, ndlr).
Ainsi, les allusions, les sous-entendus et les insinuations ingrates visant les ténors de la diplomatie algérienne, les qualifiant injustement de tous les maux, ne font pas long feu, car elles n’existent en fait que dans l’imagination des Marocains de la DGED et de leurs satellites qui les ont inventés.
Contrairement aux assertions marocaines, Ramtane Lamamra est issu de la grande famille des révolutionnaires de Kabylie ; Sabri Boukadoum, dont l’histoire révolutionnaire de sa famille à Constantine, est blanchâtre comme le lait ; Messahel Abdelkader, le fils d’El-Bayadh, dont les aïeux ont tenu tête au sultan Lakehal du Maroc et au colonialisme français et l’histoire de leur épopée est connue de tous.
Quant au Maroc et ses desseins propagandistes, qui fait de sa haine de l’Algérie une feuille de route et un stratagème de promotion de ses thèses pour détourner l’opinion de la dure réalité de sa situation interne, le temps est venu de déconstruire sa machine toxique.
A. A.
(*) Ancien diplomate
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