Le montage hâtif des firmes automobiles en Algérie était-il une affaire d’Etat ?
Par Mohamed K. – Il est à se demander si les procès intentés aux membres du gouvernement à cause du montage d’usines automobiles en Algérie n’est pas une «grosse bourde» des décideurs au lendemain de la déchéance de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En voulant jeter en pâture quelques «oligarques» proches de l’ancien cercle présidentiel, deux Premiers ministres et des ministres dans ce qui devait s’apparenter à une lutte sans merci contre la corruption, ceux qui ont choisi cette voie étaient-ils conscients qu’ils commettaient une grave erreur ?
En effet, les derniers témoignages d’Abdelmalek Sellal et d’Ahmed Ouyahia révèlent que le but recherché par le gouvernement en accélérant l’implantation de firmes automobiles dans le pays, même avec des taux d’intégration quasi nuls au départ, était de conférer à l’Algérie une suprématie industrielle par rapport au Maroc qui s’est lancé dans ce créneau et beaucoup d’autres bien avant que son voisin de l’Est, pourtant plus riche.
En arrêtant brusquement une dynamique qui allait forcément donner ses fruits à moyen terme, en passant du «gonflage de pneus» à un véritable montage automobile avec des taux d’intégration qui iraient en s’accroissant, c’est un processus industriel naissant qui a été étouffé dans l’œuf, privant ainsi le pays d’une position de leader dans ce domaine dans tout le Maghreb. D’autres secteurs ont été encalminés à cause des calculs hasardeux de ceux qui ont fait de l’emprisonnement à tout va un leitmotiv pour des motivations populistes évidentes, vu que la corruption et la prévarication sont loin d’avoir cessé.
De nombreuses entreprises pionnières dans les domaines de l’électronique et des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont été stoppées net dans leur progression, au moment même où elles commençaient à se positionner dans des marchés aussi improbables que ceux de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord. Des corrections pouvaient être apportées aux dérapages constatés dans cette politique lancée à la hâte au lendemain de la chute brutale des cours du pétrole, sans détruire le peu qui avait pu être réalisé.
Des mesures d’ordre économique et financières plus intelligentes auraient pu être prises par l’Etat pour corriger les erreurs. Il n’est pas trop tard, estiment des experts, qui appellent à revoir de fond en comble la politique complètement obsolète du tout-judiciaire qui n’a permis ni de persévérer sur le chemin de l’économie de substitution aux hydrocarbures ni de sauver les centaines de milliers d’emploi et l’expertise acquise par des cadres algériens dont la carrière a été démolie.
M. K.
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