Il est de la plus haute importance pour le pays de faire du dialogue une vertu cardinale
Par Aziz Ghedia – Il y a quelques jours seulement, j’écrivais ceci : «Le régime bouteflikien, pour lequel sont sortis des millions d’Algériens, toutes classes sociales confondues, dans des manifestations grandioses, est bel et bien tombé. Beaucoup de ceux qui le représentaient se trouvent actuellement entre quatre murs, à El-Harrach, Lambèse ou ailleurs.
Pour certains, il ne s’agirait que d’un règlement de comptes entre clans au pouvoir dont l’objectif essentiel est de sauvegarder le système. Pour d’autres, tant que ce système perdure encore, le risque de voir la issaba se reconstituer de nouveau est à prendre très au sérieux et qu’il ne faut donc pas lâcher prise. Pour ceux-là (et ils sont, de notre point de vue, de moins en moins nombreux), il est impératif que le Hirak reprenne pour donner un nouveau souffle à la révolution inachevée. Mais, on s’en fiche éperdument.
L’essentiel pour la grande majorité des Algériens, c’est que ces corrompus, ces gens qui ont pillé le pays, ces gens dont le Hirak réclamait la tête, n’ont plus de pouvoir de nuisance. Reste que les formations politiques dont ils se réclamaient, ces gens-là, et qui avaient soutenu tous les mandats présidentiels de l’ancien régime doivent être soit écartées de toute activité politique, soit carrément mises au musée comme le recommande le parti Jil Jadid.
Aujourd’hui, le pays a besoin de se reconstruire sur des bases solides et saines. Ce à quoi s’attelle le parti Jil jadid, conscient du fait qu’il y a bien une différence entre régime et Etat, d’une part, et entre compromis et compromission, d’autre part.»
Depuis, rien n’a changé en ce qui concerne la ligne politique de Jil jadid. Jil jadid est toujours dans cet état d’esprit et ne compte nullement dévier de sa trajectoire malgré les dénigrements et les critiques sans fondement dont il fait l’objet.
Or, il se trouve qu’aujourd’hui beaucoup de gens, notamment sur les réseaux sociaux, reprochent à Jil jadid et en particulier à son chef de file, Soufiane Djilali, de fricoter avec le nouveau pouvoir. Ceci n’a absolument aucun fondement. A Jil jadid, on a adopté, certes, une nouvelle grille de lecture des évènements politiques parce que la situation sanitaire du pays due au Covid-19 l’exige. Nous pensons que celui qui ne tient pas compte de cette nouvelle donne et qui continue à réclamer aux Algériens et aux Algériennes à reprendre les manifestations hebdomadaires de rue ne peut être qu’aventuriste. Ceci d’une part.
D’autre part, nous considérons qu’il est de la plus haute importance pour le pays de faire du dialogue une vertu cardinale. Dialoguer avec le pouvoir de fait, c’est-à-dire avec le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, indépendamment de sa qualité d’élu par une frange de la population algérienne ou de désigné par l’institution militaire pour trouver une solution qui puisse sortir le pays de cette situation de marasme politique, économique, sociétal, etc. n’est pas vendre son âme au diable comme le sous-entendent, ou du moins le pensent certaines personnes malintentionnées. Est-ce cela une compromission ?
On sait qu’en politique, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, il y a toujours des gens qui trouvent à redire. Mais personne ne détient la vérité, personne n’a le monopole du patriotisme.
Par ailleurs, et il est important de le souligner ici, ce qui s’est passé, dernièrement, au cimetière de Sidi Yahia, lors de l’inhumation du révolutionnaire Lakhdar Bouregâa, est un scandale. En effet, deux ou trois énergumènes se sont conduits d’une manière peu honorable avec Soufiane Djilali, venu assister à l’enterrement, en essayant de le chasser comme un pestiféré. Or, dans l’histoire récente de l’Algérie, ce chef de parti a joué un rôle indéniable dans le déclenchement du Hirak dont ces énergumènes voudraient, aujourd’hui, avoir la paternité. On ne construit pas une nouvelle Algérie tant que ce genre de comportement est encore ancré dans l’esprit de certains de nos concitoyens.
A. G.
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