Quand un journaliste israélien révélait l’espionnage de l’Algérie par le Maroc
Par Abdelkader S. – En mai 2018, le journaliste israélien indépendant Jacques Benillouche écrivait, dans Opinion Juive News : «Le gouvernement marocain vient donc de finaliser un contrat d’équipement de quatre avions d’espionnage et d’écoute, de type Gulf Stream G550, du fabricant américain Raytheon avec la participation discrète de la compagnie israélienne Elta Systems.» Il ajoutait : «L’Algérie s’inquiète car il s’agit de technologies beaucoup plus modernes et sophistiquées que celles dont elle dispose. Elle s’inquiète surtout que l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis se soient engagés à financer la force frontalière conjointe de cinq pays sahéliens, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad, voisins de l’Algérie.»
Deux ans plus tard, les Emirats arabes unis ouvrent un consulat dans la ville sahraouie occupée de Laâyoune, en contrepartie d’une intermédiation auprès des Etats-Unis pour faire avaliser l’annexion du Sahara Occidental dans le cadre du plan d’autonomie proposé par Rabat et soutenu par les alliés du Maroc, au premier rang desquels la France. La décision des Emirats arabes unis d’offrir ce «cadeau» au Makhzen intervient dans le sillage de la normalisation en marche avec l’entité sioniste. Une normalisation qui doit, à terme, inclure au moins deux pays du Maghreb, le Maroc et, sans doute, la Mauritanie qui, comme le Soudan, monnayera son adhésion à la stratégie de reconfiguration du Grand Moyen-Orient (GMO).
De nombreux observateurs s’inquiètent de ce que l’arrangement entre les régimes monarchiques de Rabat et d’Abu Dhabi cible en priorité l’Algérie, qui campe sur ses positions dans les dossiers palestinien et sahraoui et rejette tout rapprochement avec l’Etat hébreu. Un rejet réitéré par le président Tebboune dans un discours lu devant le haut commandement de l’armée et qui a été suivi, quelques semaines plus tard, par de mystérieux incendies simultanés de forêts attribués par certaines sources à des agents secrets de Mohammed VI infiltrés parmi les travailleurs clandestins marocains.
Un journaliste sahraoui, qui a travaillé pendant près de quinze ans dans les médias marocains, n’a pas exclu cette piste dans un entretien diffusé ce dimanche soir par le youtubeur algérien exilé en Grande-Bretagne Saïd Bensedira. Mohamed Radi Ellili, qui a fini par quitter le Maroc pour rallier le camp sahraoui, a affirmé que, de par son expérience dans le milieu médiatique marocain et de par ses contacts noués dans le cadre de son travail, il avait relevé un «antialgérianisme viscéral» chez les responsables politiques et sécuritaires marocains.
L’alliance entre Rabat et Abu Dhabi, désormais allié d’Israël, constitue un véritable danger pour la sécurité de l’Algérie, d’autant que les Emirats arabes unis sont fortement présents dans le pays où ils ont consenti de gigantesques investissements dans des domaines extrêmement sensibles.
A. S.
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