L’Algérie aura besoin de 90 millions de doses d’un vaccin difficile à conserver
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – La nouvelle tombée ce lundi 9 novembre annonçant le développement par Pfizer et son partenaire BioNtech d’un vaccin efficace à 90% a fait les manchettes de toute la presse de par le monde et a suscité une vague d’optimisme et une lueur d’espoir à la planète dans une folle ambiance de guerre contre cette pandémie. Ce vaccin tant espéré et attendu depuis l’apparition du coronavirus va nous permettre de sortir de ce long et fatiguant cauchemar qui a trop duré. Pour ce faire, et pour que tout cela soit concrétisé sur le terrain, ça doit prendre un certain temps, environ une autre année pour que ce vaccin soit à la portée de nous tous, qu’on soit pauvre ou riche.
Il va sans dire que le développement de ce vaccin qui relève du miracle va réjouir tous les êtres humains aux quatre coins de la planète qui peuvent pousser un soupir de soulagement tout en attendant de pouvoir bénéficier de l’efficacité de ce vaccin et de voir le danger s’éloigner. Ceci est l’aboutissement de tout un rêve «Un petit vaccin pour l’homme un pas de géant pour l’humanité.» Pour emprunter la phrase mythique de Neil Armstrong quand il a marché pour la première fois sur le sol lunaire. Enfin ! Il était temps ! Nous n’allons pas tous mourir du Covid-19 ! Nous l’avons échappé belle ! L’heure de l’extinction de la race humaine n’a pas encore sonné. Pas au XXIe siècle quand même !
Nous n’allions pas continuer à rester confinés éternellement chez nous et à compter les morts et le nombre des contaminés à longueur de journée, ni à surveiller les courbes qui montent et descendent au gré du Covid-19 qui lui savourait la joie et le bonheur de jouer avec nos nerfs avec délectation. Bientôt, nous allons finir par avoir sa peau, lui qui cherchait à avoir la nôtre. Il y a de quoi pavoiser et de s’enthousiasmer. De tout temps, l’homme a su faire face aux aléas de la nature et aux dures épreuves de la vie. Il a toujours réussi à faire des miracles, à contourner les obstacles qui se sont dressés devant lui et à pouvoir sortir sa tête de l’eau ne s’avouant jamais vaincu, même en y laissant parfois des plumes.
Ainsi, Pfizer et son partenaire BioNtech ont réussi les premiers à franchir la troisième étape de leur essai avant de pouvoir demander l’homologation de leur vaccin. La production de doses de vaccin a déjà commencé. Le géant Pfizer pense arriver à produire 50 millions de doses de vaccin avant la fin de cette année et 1,3 milliard de doses en 2021. Les premiers à pouvoir être approvisionnés et s’en servir seront, bien entendu, les trois grandes puissances qui ont collaboré et conjugué leurs efforts pour développer ce vaccin à savoir l’Allemagne (BioNtech), les Etats-Unis (Pfizer) et la Chine (Fosun).
Il y a aussi toute une série de paramètres à prendre en ligne de compte par rapport à ce vaccin qui doit nécessiter l’administration de deux doses espacées de 21 jours. Pour cela, il faut constituer un grand stock et une grande réserve en vue de pouvoir vacciner la totalité de la population de tout un pays. A titre d’exemple, il faut 2,8 milliards de doses de vaccin à la Chine pour vacciner toute sa population et 2,4 milliards de doses pour l’Inde.
Pour l’Algérie, nous aurons besoin de 90 millions de doses de vaccin. Par ailleurs, un autre grand défi se présente à nous et qu’il faut pouvoir relever avec beaucoup de doigté et d’attention, à savoir le transport et la conservation de ce vaccin qui exige une température de -75 degrés pour ne pas perdre son efficacité, ce qui peut constituer un autre grand inconvénient pour les pays pauvres et à budget limité, à l’image de notre pays. Il faut donc se préparer en conséquence et pouvoir disposer d’équipements de pointe et adéquats et avoir un personnel humain bien formé et très qualifié pour éviter tout risque.
Toujours est-il qu’il faut aussi apprendre à tempérer nos ardeurs et à ne pas crier victoire tout de suite. Le chemin est encore long et il est toujours semé d’embuches. Il faut être patient et ne pas baisser la garde. La pandémie est toujours présente dans nos lignes intérieures et redouble même de férocité et de virulence. La deuxième vague bat son plein et continue à nous mener la vie dure. Il faut tenir bon et être conscient du danger que véhicule ce virus. Il faut une discipline de fer, une collaboration et une solidarité à toute épreuve face à ce redoutable virus qui continue à faire des dégâts considérables et à hanter nos jours et nos nuits. Les recommandations et les mesures des autorités sanitaires du pays ne doivent pas être prises à la légère ; au contraire, elles doivent être respectées à la lettre pour essayer autant que faire se peut de limiter les dégâts et pour que nos hôpitaux ne doivent pas être submergés de nouveau par le nombre élevé de malades contaminés. Le personnel de la santé, tous corps confondus, qui combat sur le front au prix de sa vie crie son désarroi et n’en peut plus, faute de moyens, à faire face à l’afflux considérable de malades qui, eux, ont le droit d’être pris en charge et soignés.
Mis à part Pfizer et BioNtech qui ont déjà développé un vaccin, la concurrence fait rage entre les autres laboratoires qui mènent une course effrénée pour créer, eux aussi, un vaccin. Ils sont à pied d’œuvre depuis l’apparition de cette pandémie et leurs savants et chercheurs travaillent d’arrache-pied, nuit et jour, à l’ombre, loin des feux de la rampe, ne rechignant jamais à la tâche pour arriver à leur fin. De multiples essais sont en cours pour tester d’autres médicaments, certains sont en voie d’être bientôt finalisés et couronnés de succès d’après les échos et les messages qui nous parviennent par presse interposée. Cette rude concurrence vers la recherche et le développement d’une multitude de vaccins fera le bonheur de nous tous. En ce sens que plus il y a de vaccins, plus leur coût devient accessible.
Mais au-delà de l’enjeu financier qui doit être colossal, la santé n’a pas de prix. Bien entendu, cet aspect financier et cette course vers le gain de la part des laboratoires vont donner du grain à moudre à tous les adhérents des thèses complotistes et aux conspirationnistes qui vont sauter sur l’occasion pour développer non pas un vaccin mais pour mieux étayer leur thèse qui consiste à accuser les laboratoires d’avoir créé ce coronavirus pour ensuite développer un vaccin et le commercialiser pour s’enrichir sur notre dos.
A. C.
(Canada)
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