Agression marocaine à Guergarate : une action concertée qui cible l’Algérie ?
Par Karim B. – L’ardeur soupçonnable des Etats du Golfe à soutenir l’agression militaire marocaine à Guergarate et cautionner la violation du cessez-le-feu pourrait être le signe d’une action concertée entre les monarchies dont la cible ne serait pas le Sahara Occidental mais l’Algérie. Il y a lieu de se demander, en effet, pourquoi l’offensive marocaine a été lancée au lendemain de l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution algérienne qui autorise l’Armée nationale populaire à intervenir hors des frontières. S’agit-il d’un piège ?
«Ce que cherchent les Marocains, ce n’est pas tant de dégager par la force un passage pour leurs marchandises à destination de Mauritanie bloqué par les Sahraouis, mais de pousser l’armée algérienne à réagir pour, croient-ils naïvement, voler au secours des combattants sahraouis», soulignent des sources proches du dossier. «La réaction prompte et unanime des régimes monarchiques qui ont tous applaudi des deux mains le recours par Rabat à la solution ultime ne peut signifier qu’une seule chose : le Maroc n’a pas agi sans l’aval de ses alliés qui lui ont assuré un soutien diplomatique et militaire au cas où l’Algérie voisine viendrait à appliquer le nouvel article de la Constitution», expliquent nos sources.
«Ce serait méconnaître la politique étrangère constante de l’Algérie que de croire que l’armée algérienne interviendrait ainsi dans un litige dans lequel elle n’est qu’observateur au même titre que la Mauritanie, contrairement à ce que veulent faire accroire certains cercles qui affirment que les négociations entre les parties au conflit incluent l’Algérie en tant que belligérant», notent encore nos sources, selon lesquelles «ces manœuvres sont vaines car l’article de la nouvelle Loi fondamentale, qui consacre la participation de l’armée algérienne dans le cas précis des opérations de maintien de la paix sous l’égide des instances internationales, ne souffre aucune ambiguïté».
«L’Algérie a appelé les parties marocaine et sahraouie à la retenue et ne veut pas d’une escalade à ses frontières dans ce contexte marqué par une situation sanitaire et géopolitique extrêmement délicate», soulignent nos sources. «Mais, ajoutent-elles, cela ne signifie pas que la cause sahraouie serait balayée par Alger au profit de quelque arrangement, les positions de l’Algérie vis-à-vis des questions sahraouie et palestinienne étant immuables», font remarquer nos sources, tout en estimant qu’en recourant à une telle action hasardeuse à Guergarate, «le régime marocain risque de provoquer une guerre qui pourrait lui être fatale, en ce qu’elle ne serait plus circonscrite aux régions sud du royaume mais s’étendrait jusqu’aux villes du nord».
Pour nos sources, «le roi du Maroc a été mal conseillé et son attitude belliqueuse ne pourra être bénéfique qu’à ceux qui lui ont chuchoté à l’oreille qu’une reprise des affrontements armés après près de vingt ans d’une situation de ni-guerre-ni-paix allait mettre la communauté internationale devant le fait accompli et, ainsi, faire avaler le plan marocain d’autonomie».
«Un nouveau conflit armé élargi au Maghreb qui battrait son plein en même temps que la crise libyenne s’enlise serait de nature à faciliter l’ingérence des mêmes puissances étrangères qui se livrent une guerre par procuration dans l’ancienne Jamahiriya pour s’emparer des richesses inestimables du pays», concluent nos sources qui rappellent qu’«une ouverture sur l’océan Atlantique devient une nécessité vitale pour ceux qui conseillent à Mohammed VI d’offrir la région à ceux qui la convoitent pour s’y réinstaller durablement sans coup férir».
K. B.
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