Violation du cessez-le-feu par le régime de Rabat : la position italienne
De Rome, Mourad Rouighi – Réagissant promptement à la décision délibérée de l’occupant marocain de cibler militairement la zone-tampon de Guergarate, l’Italie, par un communiqué confié à son ministère des Affaires étrangères, s’est dit très inquiète suite à cette escalade injustifiée au Sahara Occidental et «exhorte toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à éviter le recours à la force, dans le plein respect des accords de cessez-le-feu en vigueur depuis 1991».
Dans une note, le Palais de la Farnesina, souligne que «cette situation rappelle l’urgence d’une nomination rapide du nouvel envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara Occidental».
A cet effet, l’Italie espère que «conformément à la résolution 2548 du Conseil de sécurité des Nations unies, toutes les parties concernées puissent s’engager sans conditions préalables et de bonne foi à reprendre les négociations afin de parvenir à une solution politique».
Sur le même ton, le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement italien et ancien secrétaire national du Parti démocratique, Piero Fassino, a appelé à «ne pas alimenter la tension, à éviter tout recours à la force et à reprendre le processus de paix sur la base des résolutions et des engagements du Conseil de sécurité».
Sur un ton cette fois plus direct, le quotidien Il Fatto Quotidiano, proche du Mouvement des 5 étoiles, qui, rappelons-le, a désigné Giuseppe Conte à la présidence du Conseil et dont le chef de la diplomatie, Luigi Di Maio, est un des principaux leaders, a écrit que «45 ans de mauvaise foi ne suffisent pas encore à assouvir ces puissances, se gargarisant de slogans sur les droits de l’Homme et liberté d’expression, par ailleurs à géométrie variable, qui, abusant du droit de veto, continuent d’opprimer des peuples, coupables à leurs yeux de vouloir s’affranchir de la longue et sanglante page coloniale, et c’est le cas précisément du peuple sahraoui !»
Au chapitre des réactions politiques, nombre de municipalités du nord de l’Italie comme du sud ont fustigé le silence européen et organisé plusieurs sit-in de protestation. C’est le cas du maire de Sesto Fiorentino, Lorenzo Falchi, qui, au nom d’un conseil convoqué en urgence ce samedi, a tonné à l’endroit de nombre d’institutions : «Nous sommes préoccupés et déconcertés par le silence qui accompagne ce qui se passe au Sahara Occidental. Nous demandons au ministère des Affaires étrangères de prendre des mesures pour obtenir la cessation immédiate des hostilités – a-t-il ajouté – et de prendre toutes les mesures utiles pour résoudre un conflit qui discrédite et fait honte à l’ensemble de l’Europe, qui, pendant trop d’années, a toléré l’intolérable.»
De son côté, la présidente du Collectif Aps CittàVisibili, Nadia Conti, rappelle que dès les premières heures de l’agression marocaine, 180 communes en Toscane sur les 290 jumelées ont décidé de dresser au centre de leurs places principales des tentes en solidarité avec le peuple sahraoui.
Cette simple action, assure-t-elle, a fait prendre conscience à nombre de nos citoyens de l’existence d’un peuple qui attend depuis 1991 de pouvoir exprimer son droit à l’autodétermination.
Ce sont donc ces actions qui peuvent apparaître comme de simples témoignages qui, selon nous, expriment des histoires extraordinaires de solidarité et d’amitié. Une amitié envers les réfugiés sahraouis qui vivent dans les camps en Algérie, que de nombreux volontaires toscans, également accompagnés de maires et de conseillers, ont rencontrés et ont démarré sur place avec eux de petits ou grands projets de solidarité.
Il faut maintenant que ce lien construit avec élan et sincérité s’unisse en un seul chœur pour stopper le royaume du Maroc dans son attaque criminelle contre les civils sahraouis, demander aux institutions nationales d’intervenir pour éviter un nouveau conflit armé, faire pression sur le Conseil de sécurité pour appliquer scrupuleusement ce qui avait été promis, dans le traité de paix de 1991, à savoir la mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination, car nous ne pouvons tolérer que la dignité d’un peuple soit sacrifiée au nom des seuls intérêts commerciaux et économiques.
Enfin l’ARCI, le Réseau des associations italiennes de coopération, en dénonçant la violation délibérée du cessez-le-feu par l’occupant marocain, a voulu lancer un appel pressant aux autorités italiennes, mettant en avant la priorité qu’est la sécurité de la population civile et sur ce point précis demande immédiatement aux instances internationales d’«obliger le gouvernement marocain à rendre des comptes».
Le risque d’escalade est très élevé, nous assure-t-on. L’avenir de l’Accord de paix, bloqué pendant des années en attendant la tenue du référendum d’autodétermination, ainsi que la sécurité de toute la région sont si gravement menacés par cette action unilatéralesur laquelle l’ONU et l’ensemble de la communauté internationale devraient immédiatement demander au gouvernement marocain de rendre des comptes, notamment par le biais d’une commission d’enquête doublée d’une mission d’interposition qui puisse protéger la population civile.
Tout en insistant sur l’unique voie de solution, une phase de négociation qui serait immédiatement ouverte sous les auspices des Nations unies comme seule garante, qui conduirait à l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui, seule condition d’une stabilité durable dans la région.
M. R.
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