Vaccination contre le Covid-19 : quelle stratégie pour l’Algérie ?
Par Mounir Serraï – L’annonce du succès des essais de la troisième phase des vaccins contre le Covid-19 faite ces derniers jours par trois grands laboratoires pharmaceutiques (Pfizer, Moderna et Sanofi) sème un vent d’espoir dans le monde, plongé dans une déprime sans précédent à cause des contraintes liées à la lutte contre cette pandémie.
La course à l’acquisition de ce fameux vaccin qui libérera les pays et les populations des contraintes actuelles est lancée. Qu’en est-il de l’Algérie ? Selon les récentes déclarations du ministre de la Santé, toutes les démarches pour l’acquisition du vaccin une fois homologué ont été entreprises. Des accords auraient été signés avec d’autres pays pour un éventuel achat groupé. Mais faudra-t-il attendre l’arrivée de ce vaccin ? Que faut-il faire ? La réflexion est lancée. Certains, comme le conseil scientifique de Jil Jadid, qui suit l’évolution de cette pandémie en Algérie dès l’apparition des premiers cas de contamination, estiment qu’il n’y a pas de temps à perdre face à l’urgence sanitaire et à la nécessité de protéger les personnes vulnérables.
Ainsi, pour ce conseil, il est impératif d’identifier les populations à cibler prioritairement par ce vaccin, de définir les modalités pratiques de la campagne de vaccination et d’établir un plan national de veille sanitaire et de pharmacovigilance.
Pour le conseil scientifique de Jil Jadid, il y a des choix à faire dans un contexte où la disponibilité progressive des doses de vaccin pourrait imposer des choix quant aux populations à vacciner en priorité. Il propose ainsi que les populations prioritaires soient les professionnels de la santé qui sont le fer de lance de notre système déjà mis à rude épreuve, les personnes âgées de plus de 60 ans (88% des cas étaient âgés de 60 ans ou plus), les personnes souffrantes de comorbidité, 65% des décès sont associés à une comorbidité (une hypertension artérielle dans 24% des cas, une pathologie cardiaque pour 35%).
Il s’agit donc de vacciner tous ceux qui sont atteints de maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle compliquée, accident vasculaire cérébral, coronaropathie, antécédents de chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV, diabète (diabétiques insulinodépendants non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leur pathologie), asthme, mucoviscidose et autres maladies chroniques, comme l’insuffisance rénale, les cancers et la cirrhose au stade B.
Il y a également l’obésité morbide. Mais il ne suffit pas d’établir la liste des malades vulnérables. Il faudra établir des listes nominatives dans chaque commune, chaque wilaya pour connaître leur nombre exact et pouvoir acquérir la bonne quantité de vaccin et le distribuer convenablement. Les difficultés d’accès au vaccin antigrippal ont bien démontré les limites des campagnes de vaccination actuelles et appellent à une refonte globale du système de vaccination pour un meilleur impact et surtout pour un accès équitable pour tous les Algériens.
M. S.
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