Comment la guerre à Guergarate a enterré les plans des Frères musulmans
Par Abdelkader S. – Les appendices des Frères musulmans en Algérie et au Maroc sont divisés. La reprise des hostilités à Guergarate entre les troupes de Mohammed VI et l’armée sahraouie a mis fin à la chimère de la Oumma, censée transcender les frontières géopolitiques et unir toutes les organisations islamistes affidées de la secte égyptienne sous une même bannière. Cette stratégie portée à bout de bras par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son parti AKP a non seulement volé en éclats au Maghreb, mais elle a démontré son infaisabilité.
En Algérie comme au Maroc, les partis islamistes ont chacun soutenu leur gouvernement dans la guerre qui a repris au Sahara Occidental. Le Premier ministre marocain, Saâd-Eddine El-Othmani, a été jusqu’à appeler les Sahraouis réfugiés dans les camps de Tindouf à «rentrer au Maroc», dans le sillage d’une nouvelle campagne tous azimuts visant aussi bien l’Algérie que le Front Polisario. Même l’ancien Premier ministre français Manuel Valls s’y est mis, en reprenant l’antienne du Makhzen selon laquelle le Polisario serait impliqué dans mille et un trafics.
Aux Nations unies, le représentant permanent du Maroc, Omar Hilale, égal à lui-même, s’est fait poser une question par une journaliste de l’agence officielle marocaine MAP sur le même thème redondant et a répondu, au mot près, en usant du même discours rabâché par les responsables marocains et leurs lobbyistes disséminés dans plusieurs instances internationales, notamment au cœur du Parlement européen où ils sont les plus actifs.
Dans le même temps, les représentants des Frères musulmans proches du pouvoir en Algérie multiplient les sorties et les actions de soutien au peuple sahraoui dans sa lutte pour son autodétermination. Aux aides directes consenties par le Croissant-Rouge algérien et acheminées jusqu’aux camps de Tindouf à bord d’avions de l’Armée nationale populaire s’ajoute une intense activité à laquelle se joignent les islamistes affiliés aux Frères musulmans et une campagne dans les médias et sur les réseaux sociaux aux fins de contrer la propagande marocaine, mais aussi les accusations fallacieuses colportées et relayées par les mêmes agitateurs qui, à partir de villes européennes, inscrivent leur soutien déclaré au Makhzen dans le prolongement de leur opposition au «régime algérien», «coupable», selon eux et au prorata des financements qu’ils obtiennent des services secrets marocains, d’«entraver la construction du Grand Maghreb arabe».
Le projet de l’Oumma a, en tout cas, été définitivement enterré à Guergarate.
A. S.
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