Triste constat de Rahabi : «L’influence de nos médias à l’étranger est nulle !»
Par Kamel M. – «De nombreux pays font pressions sur l’Algérie pour la pousser à changer sa doctrine en matière de politique étrangères», a affirmé l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, Abdelaziz Rahabi, en révélant qu’un ambassadeur étranger lui a confié que «nous pouvons avoir des reproches à l’égard de l’Algérie dans le dossier du Sahara Occidental mais il nous faut admettre qu’elle adopte une position constante depuis 1975». L’ancien ministre a ajouté que des pays «misent parfois sur la faiblesse de l’Algérie, comme durant la décennie noire, et certains ont cru que le pays pouvait fléchir sous le poids du terrorisme et ainsi faire machine-arrière s’agissant de sa position vis-à-vis de la question sahraouie, entre autres».
Abdelaziz Rahabi, qui s’est exprimé dans les colonnes du quotidien arabophone El-Khabar, a souligné que les pays qui ont gagé sur un tel changement de cap de l’Algérie se sont trompés «car la doctrine de l’Algérie en matière de politique étrangères est solide en ce sens qu’elle est le fruit d’accumulations historiques et qu’elle a réussi à créer un consensus national fort dans le domaine de la défense». «Aussi, quelles que soient les circonstances et les crises que nous avons vécues, ce consensus a toujours résisté», a-t-il indiqué.
L’ancien ministre de la Communication démissionnaire sous Bouteflika a, néanmoins, regretté que «la production algérienne sur les réseaux sociaux ne soit pas présente en force», en ajoutant que «la communication sociale dans notre pays est excessivement polluée par les interférences étrangères». «Beaucoup de pays interviennent de façon remarquée dans la Toile algérienne, jouissent d’une production imposante et s’adonnent à la désinformation, alors que nous ne produisons pas beaucoup et la production existante est concentrée sur les affaires intérieures du pays, outre qu’elle est malheureusement dominée par l’invective, l’insulte et la diffamation», a déploré Abdelaziz Rahabi.
«Hélas, a-t-il encore regretté, nous sommes plus des consommateurs des réseaux sociaux que des exportateurs de matière audiovisuelle, culturelle ou informationnelle, ce qui a ouvert de nombreuses brèches à travers lesquelles de nombreux pays étrangers s’engouffrent.» Abdelaziz Rahabi note que même le Hirak a souffert de cette exploitation médiatique étrangère qui l’a, selon lui, «affaibli» et «a semé la division entre le mouvement de contestation populaire, d’un côté, et l’armée et l’Etat, de l’autre, en semant la confusion entre l’Etat et le système».
«Quant à nos médias, a-t-il dit, leur impact à l’étranger est très limité et n’est utilisé qu’à l’intérieur du pays car son utilité se limite à la course au pouvoir ou au maintien au sein de celui-ci.» «Nous avons besoin d’un secteur de la communication qui soit au diapason de notre diplomatie et des positions de l’Etat par rapport aux questions internationales.»
Au sujet de l’ouverture de consulats par des pays arabes dans la ville occupée de Laâyoune, l’ancien diplomate a expliqué que «le principe dicte que le Maroc n’exerce aucune souveraineté sur le territoire sahraoui» et «aucun Etat dans le monde ne reconnaît une quelconque souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental». Pour lui, l’ouverture des représentations consulaires n’aura aucune conséquence sur la cause sahraouie, «d’autant que la Ligue arabe n’a aucun poids, ni aucune influence dans les relations internationales».
«Tout pays, fût-il arabe, qui adopte une position hostile aux intérêts fondamentaux de l’Algérie doit être considéré comme un casus belli à l’égard de notre pays», a soutenu Abdelaziz Rahabi.
K. M.
Comment (23)